Des vies d'oiseaux ne m'a pas fait planer
Allez, encore un coup de griffe littéraire, et encore un qui concerne un roman français paru pour cette rentrée, Des Vies d'oiseaux, écrit cette fois encore par une romancière (on va penser que je suis misogyne si je continue) et plébisicité par la critique, comme l'était déjà mon premier coup de griffe, Pièce Détachée d'Hélène Lenoir.
En effet, Des vies d'oiseaux, j'en avais tellement entendu du bien, un peu partout (presse écrite, radio, blogs) que malgré mes a priori de départ, j'ai eu envie de céder moi aussi aux sirènes de Véronique Ovaldé et de m'envoler avec ses oiseaux.
Véronique Ovaldé, dont je n'avais déja pas accroché au seul roman que j'avais lu d'elle, Déloger l'animal, a un univers particulier, à mi chemin entre la fable et la chronique, et pour la seconde fois (après son précédent roman Ce que je sais de Vera Candida, prix des lectrices de Elle 2010) choisit de situer son histoire dans un territoire d'Amérique du Sud, un territoire fantasmé, l'Irigoy.
Et comme tout écrivain à l'univers si personnel, on n'y rentre ou pas et de mon coté, je n'ai jamais réussi à trouver la clé pour l'ouvrir.
Ovaldé recèle en elle l'art de trouver des mots savants ou des envolées lyriques à proximité d'expressions colorées ou populaires, bâtissant des oxymores en cascades, de telle sorte que le récit apparait totalement fragmenté, abstrait. Et comme je vous l'ai déja dit dans mon article sur le dernier film de Marjane Sartrapi, Poulet aux Prunes, je ne possède pas l'imaginaire suffisant pour entrer dans un tel univers si barré (et cependant pour Poulet aux prunes, j'étais quand même bien moins réticent que pour ce livre, pouvoir de l'image oblige).
Bon, si je veux quand même tenter de résumer l'intrigue, je peux vous dire qu' au début de l'histoire, il est vaguement question d'une couple de la haute bourgeoisie "irigoyenne" (on le dit comme on veut puisque je vous répète que ce pays n'existe pas), qui fait appel à un commissaire de police parce que des jeunes gens se sont incrustés dans leur luxueuse maison mais sans rien leur voler, mais en fait tout le monde se désinteresse trés vite de cette infraction, le plus important, ce sont les pensées intérieures de tous ces gens.
Bref, ca commence comme un polar et ça vire ensuite vite au conte fantastico-philosophique, et là pour moi, les choses se sont bien gatées : les tournures de phrases sont tellement saugrunues et éloignées de mon esprit cartésien que j'ai vite laché l'affaire, et abandonné le livre, préférant m'immerger dans des histoires plus réalistes, et me disant, une fois de plus, que le surréalisme et le baroque, ce n'était définitivement pas pour moi.
Et lorsque j'ai voulu, pour écrire ce billet, balayer l'ensemble des critiques de la toile sur ce bouquin, je me suis senti tout seul, tant tous ceux qui ont découvert ces vies d'oiseaux ont semblé déployer leurs ailes avec grande délectation...
Ce livre est lu dans le cadre de l'opération 1% rentrée littéraire.