Editions la Contre allée: et un tour dans le Nord, un!!
Dans mes différents challenges littéraires, il y a un pour lequel j'éprouve une tendresse particulière : c'est celui, proposé, en partenariat avec le site Liblfy, par la petite maison d'édition La contre allée, qui a proposé à 6 blogueurs, dont moi même, de recevoir et chroniquer 6 de leurs ouvrages parus depuis septembre 2011.
Après le dernier des juges et Ces vies là, j'ai donc reçu un lot de deux livres, qui ont en commun un même auteur, une certaine Amandine Dhée. Cette jeune lilloise, artiste complète ( et notamment chanteuse de slam) a écrit toute seule le premier, du bougholm et des hommes, et en binome avec caroline fives le second, Ca nous apprendra à naitre dans le Nord.
Cet ouvrage, en l'occurence, résulte d'une commande provenant d'une résidence d'artistes locaux, EN APARTE, dont le but est d'ouvrir "un espace de dialogue en développant un travail de questionnement des mémoires autour d'un territoire donné". Je ne connaissais pas la finalité du projet avant d'ouvrir le livre, je l'ai appris ensuite, et je trouve que ce genre d'entreprise est tout à fait salutaire, puisqu'il permet de valoriser un patrimoine donné.
Et les 2 auteurs en question, Caroline Fives et Amandine Dhée, ont décidé d'aller enquêter sur la mémoire de leur quartier d'origine, Fives (même nom que l'auteur, mais simple coeincidence), un quartier populaire de Lille ( ville natale de mon père, donc que je connais un petit peu). Et l'originalité du point de vue des 2 écrivains est de jouer la carte de la transparence : on assiste ainsi à un work in process, et les auteurs ne nous cacherons rien de leurs doutes, de leurs tatonnements et de leur incompréhension par rapport au projet initial. Et évidemment, Fives et Dhée témoignent, pour ce faire, d'une auto dérision et d'une complicité à toute épreuve, qui fait plutot du bien dans un secteur (l'étude universitaire) qui a tendance à trop se prendre au sérieux. La mémoire de ce quartier ouvrier est un sujet oh combien sérieux et important, les auteurs ne l'ignorent pas, mais loin des thèses pompeuses sur le sujet, prennent le parti de l'humour et du léger.
Le revers de la médaille est qu'à la fin du livre, on n'a pas beaucoup avancé, et on est toujours resté sur ce terrain de l'anecdotique et de l'humour. L'ouvrage m'a en fait paru trop court ( 96 pages en petit format). J'aurais aimé, pour qu'il soit plus accompli une seconde partie où les auteurs abordent plus frontalement le sujet, toute en gardant le même ton badin.
En revanche, ce ton m'a moins convaincu concernant l'autre ouvrage de la collection, du Bougholm et des hommes, écrite par Amandine Dhée toute seule un an auparavant, et qui ,pour le coup, m'a semblé également anecdotique, mais absolument tout du long, et surtout n'est pas porté par la puissance du projet comme dans le précédent ouvrage. Ici, nous avons affaire à une succession de chroniques qui font penser, soit à des éditos journalistiques (notamment à celles de David Abiker), soit des billets de blogs.
Certaines passages sont plutot bien sentis (le passage sur le métro ou son épicerie de quartier), quelques formules font mouche, on pense parfois aux romans de Sofia Azzedine, mais avec un regard moins acéré, et surtout sans aucun fil conducteur, ce qui empeche de rendre ce roman pour autre chose que c'est qu'il est in fine : une compilations de chroniques plus ou moins pertinentes et amusantes, mais aucunement un vrai objet de littérature.
Bref, je préfère Amandine Dhée accompagnée qu'en solo, mais cette fille reste néanmoins une belle découverte que j'ai faite grâce à sa maison d'édition et à Libfly.