Des infidèles de bien bonne compagnie
Quand je suis sorti de la projection en avant première des Infidèles, le tout nouveau film dans lequel apparait la nouvelle coqueluche d'Holywood, Jean Dujardin (John Fromgarden pour les intimes), je me suis dit que le timing était idéal pour la sortie de ce film. L'acteur possède en effet actuellement un tel crédit auprès des professionnels du cinéma et du public qu'il peut absolument tout se permettre, et, d'ailleurs, il en profite totalement.
Car, après avoir réussi à trainer plus de 2 Millions de spectateurs en France autour d'un film muet en noir et blanc qui célèbre le cinéma des années 20, le voilà à l'origine d'un autre projet un peu insensé, celui de réhabiliter un genre qui a assez mauvaise presse en France, le film à sketches, et autour de personnages a priori peu fréquentables; des types qui ne pensent qu'à une chose : tromper leur conjointe.
Avant la projection du film proposé par le magazine Première, le rédacteur en chef de la revue Mathieu Carratier nous annonça, par écran interposé, qu'on allaitavoir àffaire à du jamais vu dans le cinéma français, un film qui va totalement à contrecourant de ce qui marche habituellement .
Forcément, avec une telle approche, on se dit qu'on va voir quelque chose de révolutionnaire, ce qui n'est quand même pas le cas, reconnaissons le humblement.
Mais, malgré ce léger décalage entre ce qu'on nous a vendu (et qu'on a lu aussi, dans certaines interview du duo Lelouche/ Dujardin) et le résultat final, force est de constater que ces Infidèles tiennent diablement bien la route, et sont avant tout un magnifique écrin pour le duo Dujardin/Lelouche qui nous dévoilent toutes leur gammes de jeux en interprétant des personnages totalement différents d'une partie à une autre!!!
L'ensemble n'est pas forcément de qualité équivalente, comme très souvent dans les films à sketches, et étrangement, les deux parties les plus faibles pour moi sont le prologue et l'épilogue, qui semble d'ailleurs se répondrent, et où là, pour le coup, on est plus dans la beaufitude assumée et les dialogues un peu lourdauds.
Mais les 4 autres sketches sont en revanche, extremement réussis, dans des genres bien différents.
Le court titré les infidèles anonymes est de loin le versant le plus délibérement burlesque de l'ensemble avec une Sandrine Kiberlain hilarante en animatrice qui doit tenter de ramener à la raison une bande d'infidèles pathologiques, parmi lesquels Guillaume Canet et Manu Payet s'éclatent dans des rôles bien déjantés.
Dans un tout autre genre, Le Séminaire, le volet réalisé par Michel Hazanavicius qui actuellement transforme en or, tout ce qu'il touche, lorgne assez ouvertement vers une peinture houellebcquienne de la misère sexuelle, est frappe par sa totale maitrise et son discours nihiliste audacieux.
De même, Lolita, la partie tournée par Eric Lartigau (le réal de L'homme qui voulait vivre sa vie) touche aussi par le portrait, assez pathétique de ce dentiste touché par le démon de midi et complétement dépassé par son histoire d'amour forcément unilatérale avec une bombe de 19 ans.
Mais le sketch qui m'a le plus séduit est également le plus sombre des 6 (on se refait pas), celui où Jean Dujardin et Alexandra Lamy jouent un peu le remake de " Qui a peur de Virginia Woolf?" , en se balancant au cours d'une nuit des vérités qui auraient eu tout intêrét de rester caché. Tranchant, tendu à souhait, et finissant sur une note d'espoir, La question, réalisée par Emmanuelle Bercot (la coscénariste et actrice de Polisse) ne laisse pas indemne et pourrait amener certains couples à jouer avec le feu après coup .
Pour ma part,comme j'ai vu l'avant première avec un pote, on s'est épargné les questions qui dérangent, et j'avoue que je ne m'en porte pas plus mal :o)
Bref, l'ensemble, quoique un peu hétérogène laisse une bien bonne impression d'ensemble pour un film qui fait passer du rire à l'émotion, et même à la réflexion, ce que les affiches un peu beaufs qui avaient lancé la polémique le mois dernier ne laissaient pas forcément augurer!!