Monsieur Jean Philippe Blondel, l'intime vous va si bien...
Récemment, j'ai lu un très beau roman français, sorti pendant la rentrée littéraire de septembre dernier. Ce livre s'appelle Et rester vivant, et il est l'oeuvre d'un auteur que dont j'ai lu plusieurs romans, Jean Philippe Blondel.
Ecrivain à 50% de son temps et prof d'anglais troyen dans les 50% restants, Jean Philippe Blondel a publié son premier roman il y a maintenant dix ans, 'Accès direct à la plage', qui avait connaît un grand succès de librairie (surtout dans sa version poche), mais qui, malgré une construction ambitieuse et originale, m'avait quelque peu laissé sur ma faim.
Ensuite, j'avais lu plusieurs autres de ses romans, qui avaient une particularité, leur rapport avec la musique, une des grandes passions de Blondel. Et deux de ses romans avaient carrément un titre en rapport avec la musique : Juke-box' en 2004 et 'This is not a love song' en 2007. Deux livres intéressants, mais jamais complètement aboutis à mon sens.
Ensuite, j'avais continué à suivre la bibliographie de Blondel avec un livre qui avait également connu un beau succès, Le baby sitter, l'histoire d'un jeune garçon qui tente l'aventure du baby sitting, et qui se retrouve dans un tas d'aventures pas forcément pas interessantes, mais pas toujours bien crédibles.
Bref, on ne peut pas dire que Blondel faisait partie de mes auteurs favoris, jusqu'à ce que je tombe un peu par hasard (le livre était envoyé par Version Fémina dans le cadre de son prix) sur un autre de ses ouvrages, sorti début 2011, G 229, récit de ses souvenirs de jeune professeur. Entre le comique, le mélancolique, le nostalgique et le tragique, on est transporté dans le quotidien d’un professeur de lycée. La vision de Blondel est tellement juste qu’on découvre en lisant son livre lavraie réalité du métier de professeur, assez éloignée de ce que les médias nous livre au quotidien.
Par ailleurs, et c'est peut etre ce qui m'a le plus touché dans ce roman, Blondel nous montre sa capacité à livrer une réflexion assez poignante sur le temps qui passe. Evidemment, le fait que l’écrivain se soit servi de son expérience professionnelle pour construire ces scènes rajoute une dimension supplémentaire à G 229 car encore une fois, le livre laisse transparaitre à chacune de ses pages des relents évidents de sincérité.
Et quelques mois seulement aprés la lecture de G229, j'ai plongé avec autant délice dans son dernier opus, celui dont je parlais en début de mon billet, Et rester vivant, qui a comme point commun avec son précédent, de nous livrer une nouvelle fiction à fort potentiel autobiographique.
Mais ici, contrairement à G229, les souvenirs se font encore plus intimes, et surtout bien plus déchirants. En effet, Blondel nous fait partager sa tragédie personnelle, celui de la perte de ses proches. Comme le narrateur, Blondel a perdu sa mère et son frère dans un accident de voiture. L'histoire du roman commence lorsqu'âgé de 22 ans, le narrateur va également perdre son père dans des circonstances tout aussi tragiques.
Sans famille directe, en phase de rupture avec son amie Laure qui l'a quitté pour de son meilleur ami Samuel (postulat incroyablement romanesque, on ne sait si cela s'est réellement passé comme cela dans la réalité, mais après tout, qu'importe?), il va suivre l'inspiration musicale du moment, une chanson de Lyod Cole (encore son rapportavec sa mélomanie) et embarquer Laure et Samuel dans un voyage aux USA et en Californie à Morro Bay au volant d'une Thunderbird.
Et rester vivant raconte ce voyage initiatique. Entre fous rires et douleur, entre découvertes, rencontres et retours sur le passé. Pour la seconde fois en l'espace d'une année, Jean-Philippe Blondel se raconte. J'ai retrouvé la douceur et la mélancolie qui m'avait tant séduit dans G229, et j'ai découvert une autre de ses qualités, son incroyable faculté de résistance et à livrer un tel hommage à la vie.
Bref, en deux livres, Blondel nous démontre de la plus briillante des façons qu'on peut faire de l'autofiction sans être nombriliste ou pédant (n'est ce pas, Madame Angot ou Monsieur Rey :o)
Et surtout, Jean Philippe Blondel arrive à témoigner d'une qualité littéraire plus évident que dans des récits à potentiels plus romanesque.
Monsieur Blondel, si vous avez encore des souvenirs personnels à utiliser dans vos prochains livres, ne vous en privez surtout pas, vous voyez à quel point cela peut me faire plaisir :o)