Avant l'aube, le (génial) film de mon pote!!!
Si j'avais été journaliste cinéma (ce que je serais peut-être dans une autre vie :o), j'aurais peut-être buté sur un écueil contre lequel certains journalistes éprouvent, à mon sens, quelques difficultés, celui de réussir à écarter tout affect lorsqu'on voit un film d'un réalisateur que l'on connait personnellement.
Même si j'ai l'impression que ce problème est encore plus présent pour la littérature où des journalistes pondent des papiers super élogieux sur le dernier livre- imbuvable- de leurs copains, savoir par exemple que Xavier Lerherpeur, de Studiociné live ou Téléciné obs, aux jugements d'habitude trés sévères, adore l'amour dure 3 ans réalisé par l'homme qui l'emploie toutes les semaines au Cercle peut nous laisser poser des questions sur sa subjectivité.
Pour ma part, si je veux tenter de vous convaincre du fait qu'Avant l'aube, le film de Raphael Jacoulot, est un grand film, je vous remercie de n'y voir aucun lien avec le fait que j'ai cotoyé ce type pendant 4 jours non stop lors du festival d'Annonay, et qu'il continue de temps en temps à m'envoyer des mails (et notamment pour me dire qu'il avait adoré mes billets compte rendus...wouah!!), car j'ai donné mon impression sur le film à mon voisin de droite et collègue du jury dès le générique de fin, et donc avant même d'échanger ma première poignée de main avec ce cinéaste dont je n'ai pas encore vu le premier film, Barrage, dont le DVD est un peu introuvable dans le commerce.
Si j'ai beaucoup aimé Avant l'aube, c'est avant tout car c'est un superbe film d'atmosphère comme rarement le cinéma français sait le camper : dès la première scène de voiture sur des routes escarpées de montagne, on est pris dans l'ambiance et on y croit totalement. Le décor principal du film, cet hôtel de luxe dans les Hautes-Pyrénées ( qui en fait n'est ni de luxe ni dans les Pyrénéees) est quasiment un personnage à part entière et la superbe photographie de Benoît Chamaillard contribue à magnifier cet univers glacant et glacial .
Mais plus qu'un simple thriller enneigé et montagneux à la Fargo (on pense aussi à un plan simple de Sam Raimi), le film a également des résonnances de lutte des classes, faisant forcément penser à du Chabrol (et pourtant, pour en avoir parlé avec lui , le réalisateur trouve que cette référence est plus un truc de médias, il assume plus l'héirtage de Simenon) .
La richesse d'Avant l'aube résulte de ce face-à-face ambigu, ténébreux.entre Bacri( qui joue peu, mais qui sait choisir ses rôles), ce patron d'hotel, et cet employé en réinsertion sociale issu de la classe populaire, joué avec une présence étonnante par Vincent Rottiers, acteur de plusen plus incontournable du cinéma français.
Rapport complexe fait de fascination et de méfiance réciproque, et lien presque paternel, d'autant plus évident que le propre fils du gérant de l'hôtel s'entend extremement mal avec son père.
Bref, Avant l'aube n'appartient pas qu'à un genre déterminé : à la fois drame psychologique, polar social, et thriller montagneux, cette oeuvre déroute et séduit jusqu'au dénouement, pas si attendu qu'on aurait pu le penser.
Même si je le le lui ai dit en face, non sans une certaine gêne (je suis pas doué pour les compliments de vive voix),je le rétière dans ce billet : ton film, Raphaël, est une vraie bombe .
Maintenant, lorsqu'il sortira son troisième film (actuellement en cours d'écriture) et que je le verrais en salle, arriverais je à garder la même objectivité? Le défi est de taille....