Les gérards du cinéma : faut il récompenser le pire du cinéma français??
Aujourd'hui, je ne vais pas porter de coup de griffe sur le cinéma (français), car l'institut des Gérards va s'en charger de le faire pour moi, dans très peu de temps.
En effet, lundi soir, et en Direct sur Paris Première, seront remis, pour la 7ème fois depuis sa création, les Gérard du Cinéma. Pour mes lecteurs qui n'en ont jamais entendu parler, sachez que les Gérard du cinéma sont une cérémonie satirique qui récompense les plus mauvais films et acteurs du cinéma français. Parodiant les codes des cérémonies du type César, elle se déroule généralement un ou deux jours avant le Festival de Cannes. Les prix remis lors des Gérard sont représentés par un parpaing doré(cf photo).
Librement inspirés des Razzie Awards, les Gérard du cinéma ont été créés par Frédéric Royer (journaliste de Voici), Arnaud Demanche (dialoguiste et auteur pour la télévision - et Stéphane Rose (journaliste et écrivain). Ce sont les mêmes qui organisent également les Gérard de la télévision et les Gérard de la politique.
"A Cannes, les acteurs vont monter les marches. A Paris, les "Gérard" vont descendre les acteurs!", promettent les organisateurs.
J'avoue que, chaque année depuis sa création, je regarde par curiosité la liste des nominés et des lauréats, et que je suis souvent partagé entre deux sentiments : celui de trouver l'intitulé de certaines catégories et des films concernés pertinents et assez hilarants ( cette année, le Gérard du film qui n'existe pas. Encore. m'a bien fait poiler) et celui aussi de trouver que parfois, l'humour est quand même limite, et surtout que les protagonistes de la cérémonie ont tendance à mélanger des films de qualité et d'ambition totalement différentes.
Je devine bien que ce genre de liste est encore plus subjective que celle récompensant les meilleurs films, mais quand même, certains choix m'ont laissé plus que dubitatifs.
Ainsi, le "Gérard du film" met en compétition "Les Bien-aimés" de Christophe Honoré, "Comme un chef" de Daniel Cohen, "La Croisière" de Pascale Pouzadoux, "Hollywoo" de Frédéric Berthe, "La Guerre des boutons" de Yann Samuell et "La Nouvelle guerre des boutons" de Christophe Barratier. Si j'en ai vu qu'un seul sur les 6, il s'agit tout bonnement de mon film préféré de l'année dernière,à savoir évidemment "les Biens Aimés" : déjà que j'avais été contrarié de le voir (presque) absent des Césars, ca m'a fait un peu mal au coeur de voir qu'il était carrément nominé dans les pires film de l'année, on ne peut décemment pas le comparer aux comédies comme "La Croisière" et "Comme un chef, qui, d'ailleurs, d'après les critiques, ne m'ont pas semblé autant de sombres nanars que cela.
Je peux comprendre que le cinéma de Christophe Honoré porte en lui quelque chose de parisien, de snobinard, qui peut irriter, mais quand même, il y a dans ce film une qualité d'écriture et de mise en scène indéniables. Personnellement, quitte à prendre un film défendu par tout le gratin du cinéma français, pourquoi ne pas prendre Pater, dont la vision m'avait vraiment énervé? Et Holywoo, qu'il me tarde à voir en DVD me semble être une comédie française assez réussie,mené par deux locomotives du rire que sont Jamel et Foresti. Le film réalisé par Christian Clavier " On ne choisit pas sa famille" , visiblement un nanar de chez nanar, me semblait être plus digne d'y figurer.
En revanche, lorsqu'on voit que Monica Bellucci, Jean Reno, Mathilde Seigner, Judith Godrèche et Franck Dubosc comptent parmi les acteurs en lice pour le "Gérard du désespoir", là, je n'ai pas grand chose à reprocher à ce choix tant je ne porte pas beaucoup d'estime à ces acteurs, tous assez médiocres dans la quasi totalité de leurs films.
Pour le "Gérard de l'acteur qui ferait bien d'arrêter de se la jouer et d'apprendre à jouer tout court", sont nommés Tomer Sisley, Jean-Paul Rouve, Anna Mouglalis, Eric Cantona et Louis Garrel (encore pour les Biens aimés, sniff) et il me semble que, plus que leur jeu d'acteurs, sont stigmatisé, à travers ce choix une personnalité qui manque un peu d'humilité : tous donnent en effet la facheuse impression d'avoir le melon (enfin Jean Paul Rouve me semble à part, mais visiblement les fondateurs du Gérard lui vouent une haine tenace, vu qu'il est dans pas mal de catégorie).
. Pour le "Gérard du film tellement riche en sucre, en miel et en guimauve que si t'as le malheur d'avoir pris du pop-corn, t'es sûr de dégueuler dans le seau", sont en lice "La Délicatesse" avec Audrey Tautou, "Ma Part du gâteau" avec Karine Viard, "Le Fils à Jo" avec Gérard Lanvin, "Mon Père est une femme de ménage" avec François Cluzet et "Monsieur papa" avec Kad Merad.Forcément d'accord avec "Le fils de Jo" que j'ai éreinté à cette occasion, je le suis moins avec "la Délicatesse" que j'ai défendu ici même. Cela dit, comme vous le savez, j'aime bien la guimauve, donc je ne suis pas trés objectif là dessus.
Dans la catégorie du "Gérard de l'acteur culte qui tournait dans des bons films. Et puis, un jour visiblement, ça l'a fait chier", j'espère quand même que Bacri n'aura pas le prix car là encore, j'ai pesté de voir que sa prestation que j'ai adoré dans Avant l'aube soit montrée du doigt. J'aimerais bien savoir ce que Raphaël Jacoulot en pense, tiens...
Car rares sont les personnalités qui viennent sur place récupérer leurs prix (seul l'immense Henri Guybet l'a fait l'année dernière pour venir chercher son "Gérard de l'acteur qu'on croyait mort en 1985. Alors que non finalement"), En général, les professionnels du cinéma ne vont pas mettre cette récompense dans leur CV, cela fait pas forcément très bon genre,, l'autodérision, peut-être, mais pas à ce degrès.
Bref,comment analyser ces Gérards du cinéma: comme une cérémonie salutaire permettant de dégonfler un peu l'égo de ces stars ou bien plutôt comme une pochade à l'humour parfois carrément limite (un peu raciste, un peu misogyne, un peu réac)?
J'avoue ne pas avoir de réponse tranchée, mais pour avoir regardé l'année dernière la cérémonie en direct à la télé, j'avoue préférer regarder simplement la liste, tant la soirée fut plate et ennuyeuse, encore plus que le modèle dont elle se moque (un comble, non?).
Trève de bavardage, je vous la donne sans plus tarder, cette fameuse liste, ou tout du moins une partie des nominés :
- Sont nommés:
- Sont nommés:
- François Cluzet dans Intouchables
- Omar Sy dans Intouchables
- Joey Starr dans Polisse
- Gilles Lellouche dans Infidèles
- Jean Dujardin dans The Artist
- Sont nommés:
- Tomer Sisley dans Largo Winch 2
- Jean-Paul Rouve dans Low Cost
- Anna Mouglalis dans Chez Gino
- Éric Cantona dans De force
- Louis Garrel dans Les Bien-Aimés
-
Gérard de l'acteur qui a un prénom africainGérard du film qui n'existe pas. Encore
- Sont nommés:
- Le Vélo rouillé des Frères Dardenne, avec Émilie Dequenne et Olivier Gourmet
- Pa ni pwoblem de Lucien Jean-Baptiste, avec Firmine Richard et Édouard Montoute
- La Famille Rossignol de Christophe Barratier, avec Gérard Jugnot, Kad Merad, Gérard Jugnot et Mathilde Seigner. Et Gérard Jugnot.
- Bisexuality Tokyo 2 AM de Christophe Honoré, avec Louis Garrel et Chiara Mastroianni
- Yakuza furious game d'Olivier Megaton et Luc Besson, avec Jason Statham, Jet Li et Louise Bourgoin
- Tous Coupable de Mathieu Kassovitz, avec Mathieu Kassovitz
- Moi de Frédéric Beigbeder, avec Gaspard Ulliel et Pauline Lefèvre
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Gérard du film
- Sont nommés:
- Les Bien-Aimés de Christophe Honoré, avec Louis Garrel
- Comme un chef de Daniel Cohen, avec Jean Reno et Michaël Youn
- La Croisière de Pascale Pouzadoux, avec Charlotte de Turckheim
- Hollywoo de Frédéric Berthe, avec Florence Foresti et Jamel Debbouze
- La Guerre des boutons et La Nouvelle Guerre des boutons de Yann Samuell et de Christophe Barratier avec Éric Elmosnino et Mathilde Seigner et avec Lætitia Casta et Guillaume Canet
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Gérard du désespoir féminin
- Sont nommées:
Gérard du désespoir masculin- Sont nommés:
- Sont nommés:
- Sont nommés: