L'alpha de Nadia Bouzid: un roman mystérieux et envoutant
On continue avec mes romans de la rentrée littéraire lus dans le cadre du Prix du Roman Fnac, et je reste sur mon principe de chroniques édictées par ordre de lecture.
C'est maintenant avec une lecture qui m'a plus convaincu que la première (celle de Thierry Dancourt). Il s'agit, là encore, d'un roman dont je n'en ai plus entendu parler du tout au cours des divers et nombreux comptes rendus de la rentrée littéraire que j'ai pu lire.
Et pourtant, l'Alpha, fruit de la romancière Nadia Bouzid, a été un très joli moment de lecture, et pas seulement à cause du lieu principal où se déroule l'histoire, à savoir un cinéma d'art et d'essai, même si évidemment, pour le grand cinéphile que je suis, cela a été un plus incontestable.
Etudiante en situation précaire, Léo, l'héroine de l'histoire, est en effet hébergée par la propriétaire d'un cinéma d'art et d'essai, l'Alpha, à la suite de l'incendie de son appartement. Elle recommence sa vie sous une nouvelle identité mais elle s'interroge sur l'étonnante générosité d'Andréa et son caractère étrange : ses silences, ses absences ou son coté autoritaire rendent perplexe Léo. Que cachent les pièces condamnées ?
L'auteur joue donc très habilement la carte du suspens psychologique pendant une bonne partie du livre, car il faut bien reconnaitre qu'elle maitrise parfaitement le sens du mystère et des non dits. L'ambiance est parfaitement rendue, et ce cinéma, où se joue toujours les mêmes films (Métropolis, L'aurore de Murnau) contribue à rendre ce climat opaque et sybillin. Andréa, qui impose les règles de son jeu à Léo, est un personnage parfaitement romanesque, qui cache derrière sa froideur et son autoritarisme des tonnes de mystère que le lecteur cherche à tout prix à percer à jour.
Hélas, comme souvent avec ce genre de livre, l'intérêt se dilue un peu, au moment où les clés de l'énigme sont données, d'autant plus que le dénouement est quand même un peu tiré par les cheveux, et vire même au croquignolesque.
Et le livre souffre d'un autre défaut, sa trop grande brieveté: si certains romans courts frappent par leur force et ne pourraient être plus longs, ici, en revanche, L'alpha laisse un sentiment d'inachevé, et la fin apparait même un peu baclée, ce qui est dommage au vu des 100 premières pages, intriguantes à souhait.
Nadia Bouzid aurait du développer plus son intrigue, et certains de ses personnages (celui de Sonia, intéressant de prime abord, reste finalement en l'état de silhouette), et à la fin trop de question sont laissées en suspens.
En résumé, on peut dire que ce polar psychologique pose de bonnes questions sur l’identité, et la dépossession de soi, et que son atmosphère glacée est particulièrement bien tenue.
Mais hélas, ses défauts évidents ( que j'ai énoncé plus haut) l'empechent d'être le grand livre de cette rentrée.
Et à l'heure du choix, dans ma sélection du Prix Roman Fnac, je n'ai pas pu le classer dans la rubrique la seule qui compte vraiment, celle de "mes chocs littéraires à conseiller impérativement et prioritairement".
Promis, j'en ai quand même mis un dans cette rubrique là , mais il n'est pas sûr que je vous en parle de suite :o
Chronique qui rentre dans le cadre du challenge rentrée 1% littéraire organisée par Herisson 8 et Mimi pinson.