Monsieur Lazhar fait bien les choses
Décidemment, s'il y a un pays dont l'offre cinématographique m'a emballé cette année, c'est bien celui du Canada, aussi bien francophone qu'anglophone.
Car après Café de Flore, Laurence Anyways, Roméo Onze (vu à Annonay, où il a eu le premier prix, et malheureusement toujours pas distribué en France), et alors que j'aurais tant voulu voir Starbuck, la comédie québécoise qui a cartonné des deux cotés de l'Atlantique, j'ai eu la chance de voir un autre film qui a connu un vrai succès, Monsieur Lazhar avec le comédien franco algérien Fellag dans le rôle principal. Ce Monsieur Lazhar fut dans son pays natal un grand succès, et comme les autres films québécois de l'année, il m'a vraiment ravi.
Plus modeste dans sa forme et son propos ( suivre une année scolaire par les yeux d'un nouvel enseignant) que Café de Flore ou Laurence Anyways, le film touche justement avant tout pour cela, sa modestie et sa très grande sincérité.
Cela dit, cette modestie du propos reste relative, puisque le film traite de sujets sensibles, comme la façon de parler de la mort aux enfants (cet enseignant est engagé pour reprendre la classe à la suite du suicide de l'ancien professeur), et aussi de la limite entre enfant et son professeur, et il le fait avec grande sensibilité et subtilité.
Le film, par les sujets qu'il véhicule, fait penser à bien de films sur le sujet, du cercle des poètes disparus, à Entre les murs ou, plus récemment à Détachement, un de mes chocs cinéma de cette année, mais il les traite de façon plus classique (plus académique diront les grincheux).
Personnellement, j'ai particulièrement apprécié que l'histoire soit filmée à hauteur d'hommes, et que tous les acteurs y mettent une telle émotion qu'on ne peut pas ne pas être touché, et y repenser encore quelques jours après.
Le film offfre un écrin magnifique à Fellag tant son personnage est nuancé (un coté old schools, une conception "à l'ancienne" de l'éducation mais capable aussi d'évoluer...parfois) et permet de montrer toutes ses facettes de jeu, et notamment une douceur et une lucidité particulièrement bienvenue. On voit que Fellag a été très touché par un personnage, assez proche de son histoire personnelle, et qu'il s'y est énormément investi.
A ses cotés, les enfants sont particulièrement touchants et sincères; sur fond de Canada enneigé et d'expressions typiques (avec lesquelles je commence sans doute à me familiariser) qui apportent leur lot de pittoresque et de croustillant .
Le film ne traite pas que des sujets éducatifs ( contrairement aux films précités), puisqu'on suit parrallélement les tentatives de Monsieur Lazhar d'obtenir un titre de réfugié suite aux évenements tragiques qu'il a connu en Algérie, et le thème des difficultés à s’adapter aux us et coutumes d’une culture très éloignée de la sienne est donc aussi évoqué.
Avec tous ces sujets différents dont j'ai fait mention, on pourrait froler l'overdose de thématiques chargées en un seul et même film, mais ces différentes intrigues sont suffisament bien tissées entre elles pour donner une vraie cohérence à l'ensemble.
La fin est à cet égard particulièrement touchante, et certaines scènes, peu spectaculaires mais tellement justes frappent vraiment au coeur et une fois que le générique de fin s'installe sur l'écran on est ravi d'avoir fait la connaissance de ce Monsieur Lazhar et de toute sa marmaille.