Après mai, les peu emballantes seventies vues par Assayas
Hier, lors de ma sélection de la semaine, j'ai omis de vous donner une information oh combien cruciale : y figurait en fait un film de cette sélection que j'avais déjà eu l'occasion de voir, plusieurs semaines même avant sa sortie. Il s'agit d'Après mai, le dernier long métrage d'Olivier Assayas.
Comme je n'ai pas réussi à écrire la chronique avant la date de sortie, je l'ai inclus dans ma sélection, puisque, de toute façon le film me tentait bien, pour les raisons invoquées hier.
Ce qui est un peu génant en rédigeant ma sélection, ce n'est pas que je recommandais un film que j'avais déjà vu, mais bien plutot que je recommandais un film que j'avais n'avais pas beaucoup aimé.
Car malgré les très bons échos reçus dans la presse, et malgré le prix du meilleur scénario recu à Venise, je n'ai pas ressenti beaucoup de plaisir à la vision de ce film que j'ai vu pourtant en présence du réalisateur et deux de ses acteurs. D'ailleurs, concernant le prix du meilleur scénario, j'avoue que cette récompense m'a énormément surpris à la vision du film car c'est indéniablement dans sa mise en scène qu’Après Mai trouve sa force, et aucunement dans le scénario, prévisible et un peu faiblard.
Assayas reste en effet fidèle à son style d'une caméra qui colle aux basques de ses héros, et portée par une vraie fièvre et une vraie énérgie, celle de cette jeunesse prise sur le vif. La réalisation nous donne les quelques beaux moments du film, comme les scènes de chanson autour d'un feu, de ballade bucolique magnifiée par le beau travail du chef opérateur.
En revanche, le bat blesse sur les autres éléments du film : le récit, qui suit le destin de quelques adolescents au moment des premières amours, des premières manifs et des premières questions sur le monde, manque vraiment de fluidité et de réelle enjeu scénaristique digne de ce nom. Les motivations des personnages qu'on voit à l'écran ne nous interpellent pas vraiment, ces fils à papa partagés entre un vague passion pour le cinéma et d'encore plus vagues inclinaisons à la révolte.
Et surtout, alors qu'Assayas nous a présenté ce jour là le film comme étant "très original", car parlant d'une époque que le cinéma français a peu traité, nous viennent en mémoire pendant toute la projection des images d'autres oeuvres de cinéma plus fortes , et sur la même époque, Le Péril jeune évidemment, assurément le meilleur film de Kaplisch, mais aussi The Dreamers de Bertolluci ou Nés en 68 de Ducastel et Martineau.
Le scénario se contente alors d'aligner quelques passages obligés sur la jeunesse de l'époque (les manifs, la liberté sexuelle, les collages d'affiches....) sans un vrai point de vue original sur la question, ce qui est d'autant plus dommage que le film est très autobiographique et que le héros ressemble visiblement énormément à Assayas jeune (il a pris énormément d'élements de sa jeunesse pour construire le personnage).
Mais, à mes yeux, les personnages m'apparurent trop peu sympathiques pour susciter l'empathie, et surtout ils sont interprétés par des jeunes comédiens (trouvés généralement par le biais du casting sauvage) au jeu pas toujours très juste. Seule surnage Lola Créton, que j'ai récemment vue dans un amour de jeunesse, ici pétillante et très naturelle, tandis, qu'au contraire, les autres comédiens sont limités à froncer les sourcils pour montrer que leurs vies sont dures et leurs choix cornéliens qu'à exprimer de vraies émotions. Il aurait fallu plus de chair pour incarner ces personnages auquel on a parfois du mal à croire.
Bref, Après mai, très ardemment défendu par une bonne partie de la presse parisienne influente (mais pas que) est encore une preuve que ce genre de cinéma là, intelligent, mais finalement quand même un peu poseur, n'est pas forcément le mien... Sera- il le vôtre, si vous tentez le coup malgré mes réserves? C'est tout le mal que je vous souhaite....