Un capital sympathie largement entamé
Lors de ma chronique du film dans la maison de François Ozon, je me félicitais de vous avoir fait gagner des places pour un film qui m'avait emballé à 100%. Juste après l'Ozon, je vous faisais gagner des places pour voir le Capital de Costa Gavras, et devant le déchainement de critiques assassines accompagnant la sortie du film en salles, je me suis dit que ca allait être difficile de prolonger le même enthousiasme que pour ce précédent film.
J'y suis quand même allé vérifier par moi même , histoire aussi d'en discuter avec mes lauréats (je n'ai d'ailleurs eu aucun retour des gagnants, pas bon signe, ca :o),et puis quand même Costa-Gavras avait tellement réussi sa première incursion dans le monde de l'emploi et la finance, en 2006, avec « Le Couperet », où José Garcia, au chômage, tuait les candidats concurrents afin de retrouver un emploi.
Et, hélas,dès les premières minutes du film, j'ai vu qu'effectivement, j'aurais un peu de mal à le défendre.... La première scène où Gad Elmaleh interpelle le spectateur après que son patron fut victime d'un malaise sur son terrain de golf laisse déjà voir l'étendue des dégats : la scène sonne complétement faux, et le discours de Gad sonne creux, ampoulé, et l'acteur l'annone d'une façon bien peu naturelle, et complétement monocorde et guindée.
On sent d'ailleurs une pointe de gêne nous envahir à l'encontre de Gad Elmaleh, et elle nous lachera pas pendant toute la projection. L'idée d'utiliser un humoriste pour jouer un rôle de salaud arriviste pouvait être judicieuse pour conférer un peu d'humanité à ce personnage ( comme il l'avait justement fait et réussi avec José Garcia), mais la facon dont Elmaleh joue, d'une raideur assez rare, plombe totalement cette idée. Erreur totale de casting, comme on en peu vu cette année ( en route vers les Gérards 2013?) , heureusement que Gabriel Byrne et surtout l'épatante Cécile Salette livrent à côté une prestation impeccable.
Passée cette erreur de casting, le film n'est sans doute pas la catastrophe annoncée: Costa Gavras garde un vrai talent de filmeur et a gardé un certain sens du rythme et de la tension : sa ballade entre les grands hôtels et les réunions dans les salles de conférence, les ministères et les yachts n'est pas ennuyeuse à suivre. L'intrigue, lorsqu'elle se dirige vers le coté thriller paranoiaque cher au cinéma loywoodien se suit avec un réel intéret, eu égard au métier de Gavras, les spectateurs concernés que nous sommes ne pouvant totalement se détourner totalement au sort de ce Marc Tourneuil. On en viendrait presque à éprouver de la compassion pour ces hommes aux costumes et voitures uniformément noires, mais je ne pense pas que cela était le but de Costa.
Mais le vrai problème du film réside dans son écriture, car, tiré d’un roman de Stéphane Osmont, le film ne passe pas le cap de l'écran. La faut surtout à des dialogues proches du ridicule, qui passe pas du tout la rampe de l'oral «L’argent est un chien qui ne demande pas de caresses, mais qu’on lui lance la balle de plus en plus loin afin qu’il la rapporte à l’infini». Des réparties qui manquent cruellement de finesse et apparaissent n’être qu’un pure verbiage permettant à Costa-Gavras de faire dire ce qu’il croit bon de dénoncer.
Dans le capital, la vision du monde de la finance est réduite à une trop simple caricature, un jeu grandeur nature où les riches saignent le pauvre. Tout est vulgarisé et simplifié à l'extrême, et cette schématisation dessert forcément le film. Les subtilités du monde de la banque et de la bourse m'avaient parues bien plus difficiles à saisir dans Margin Call, mais cela rendait du coup le film bien plus riche, complexe et crédible que ce Capital qui hésite entre satire et pamphlet parfois réactionnaire ( le passage sur les jeunes et la console) et moralisateur.
Le Capital a donc le grand tort d'enfoncer des portes ouvertes sans la nuance requise, et sans la touche d'humour. qui aurait été salutaire.
Bref, si vous avez pas gagné à mon jeu concours ( vous aviez été trés nombreux à participer) , vous n'avez pas forcément à le regretter... Vous voyez comme je suis sympa comme type!!!