Un autre amour de Kate O' Riordan
Connie a tout pour être heureuse. Mariée à celui qu'elle aime depuis l'enfance, elle s'est construit une petite vie parfaite avec Matt, son mari dentiste, et ses 3 garçons. Elle habite une belle maison londonienne et s'épanouit dans une activité créatrice de cartes postales personnalisées qu'elle a créée avec son amie Mary. Jusqu'au jour où son petit monde va basculer.
Connie et Matt, partis pour un petit séjour en amoureux à Rome, vont voir leurs certitudes voler en éclats : Matt y recroise Greta, son premier amour, en plein malheur. Son jeune fils est mort dans l'incendie de sa maison et Greta se sent particulièrement responsable de cet accident. Matt n'arrivera pas à quitter Greta et ses souvenirs. Connie se voit alors obligée de rentrer seule à Londres où elle va devoir affronter le regard de ses enfants et de son amie Mary, à qui elle cache les faits. Commence alors pour elle l'attente, le déchirement et les souffrances de l'amour....
Voici un roman magnifique que j'ai lu il y a maintenant près de deux ans mais qui fait partie de la sélection des Grands Lecteurs du Progrès ( une opération exceptionnelle à laquelle je participe depuis ce soir, et dont je vous parlerai plus en détails très prochainement).
J'avais déjà écrit un billet dessus au tout début de mon blog, je l'ai simplement repris et un peu amélioré, vu que ce roman est revenu dans mon actualité.
Ce roman, c'est Un autre amour, écrit par la romancière irlandaise Kate O Riordan. Le garçon dans la lune, un de ses précédents livres, qui avait fait connaitre l'auteur en France, m'avait déja totalement enthousiasmé,
Dans cet autre amour, on retrouve un certain nombre de ses thématiques (la perte d'un enfant, le retour à ses racines rurales...), traités de façon tout autant prodigieuse, et cela me fait ranger définitivement cette romancière, en à peine deux romans, tout en haut de mon panthéon personnel.
Cela ne pourrait n'être qu'une histoire d'amour un peu mièvre et banale, or le livre est totalement dépourvu de la moindre mièvrerie. L'auteur décrit le basculement d'un couple, un homme et une femme avec un passé étroitement lié qui ressurgit à la surface après des années de vie commune.
Tout m'a profondément ému dans cette histoire de femme de 50 ans, toujours amoureuse de son mari, mais qui le voit s'éloigner d'elle lors d'un séjour en Italie qui n'aurait jamais du avoir cet effet dévastateur sur leur couple.
Partant de ce postulat et d'une histoire d'adultère qui pourrait s'avérer si tristement classique, Kate O'Riordan se livre avec une maitrise éblouissante à une fine analyse de toutes les composantes du couple à la dérive, doublée d'une perception très juste de la psychologie,féminine, mais également masculine.
En effet, tous les personnages possèdent une vraie épaisseur, une réelle humanité, une belle profondeur de trait.
Le mari, notamment, qui , dans certains romans écrits par des femmes aurait été condamné derechef, coupable de toutes les ignonimies, est ici une personne qui souffre, qui a ses doutes et qui est sans cesse tiraillé entre cet amour de jeunesse qui revient à la surface et le fait de ne pas blesser sa femme qu'il l'aime toujours, mais simplement d'un amour différent, de cet autre amour qui donne le titre au roman. Quant au personnage de la maitresse, il échappe totalement aux stéréotypes : loin de la bimbo sans scrupules, c'est une femme profondément blessée par un deuil qui essaie de revivre au contact de cet homme. Sans oublier évidemment le vrai personnage central du roman, c'est cette Connie qui a construit sa vie comme elle la souhaitait sans se soucier des autres, avant que ce voyage à Rome bouleverse totalement la donne..
Une des autres grandes forces du roman, c'est qu'à mi parcours, le récit s'ouvre sur le point de vue d'autres personnages entourant le couple, comme les enfants, loin d'être dupes de la situation, et de Mary, la meilleure amie impulsive qui s'attache à vouloir protéger une vie de famille vécue par procuration à travers Connie.
A travers leurs fragilités, leurs mauvaises consciences et cette tendance commune à se mentir à eux-mêmes, tous ces personnages laissent entrevoir des comportements si humains et si proches de la réalité, mais ce réalisme n'empeche pas pour autant une vraie puissance romanesque du récit.
Le livre frappe par une acuité psychologique et une justesse de tous les instants. Tous ces liens sont absolument magnifiques de délicatesse et de justesse et confirme Kate O Riordan comme une exceptionnelle portraitriste des relations conjugales.
Un très beau roman et qui laisse augurer une aussi belle qualité dans les autres de ma sélection....