5 caméras brisées : un documentaire purement... explosif!!!
Une fois n'est pas coutume, je vais vous parler d'un film qui ne sort pas en salles avant la semaine prochaine, mais comme, en même temps, il risque de se voir noyé sous la vague des sorties qui auront droit à une promotion plus confortable, j'avais envie de m'attarder dessus, tant ce film, que j'ai pu voir en avant première grâce à son distributeur Zeugma Films est un documentaire assez exceptionnel, à tous les niveaux que ce soient.
Ce film, c'est 5 caméras Brisés, un documentaire coréalisé par Emad Burnat, Guy Davidi , et qui sort en salles mercredi de la semaine prochaine, le 20 février ( le même jour que des abeilles et des hommes dont je vous ai parlé hier), après une première diffusion (en version courte) sur France 5 en octobre dernier.
Le film a droit à une sortie salles ( grâce au distributeurs Zeugma Films, qui m'a fait découvrir le film avant tout le monde) car il a a reçu un accueil exceptionnel dans tous les festivals où il a été présenté et notamment reçu le Prix Louis Marcorelles au Cinéma du Réel 2012, le Prix de la réalisation au Sundance Film Festival 2012, le Prix du Jury et le Prix du Public à l'IDFA (International Documentary Film Festival Amsterdam) en 2011, et il est même en lice pour les Oscars 2013 dans la catégorie "meilleur documentaire".
Pourquoi ce documentaire est-il aussi exceptionnel? Tout simplement car c'est la première fois qu'un Palestinien et un Israélien ont réalisé ce film à la première personne qui raconte le quotidien d’un village de Cisjordanie dépossédé de ses terres et confronté à la violence. Il aura fallu cinq caméras successives, chacune se cassant les unes après les autres, au fil des différentes luttes, pour filmer une part de cette histoire dans l’Histoire.
Au départ de l'aventure, un simple paysan de CisJordanie, Emad Burnat, qui vit dans le village de Bil’in. Il y a cinq ans, invoquant des impératifs de sécurité, les Israéliens décident de construire un « mur de séparation » à côté de la colonie juive voisine, ce qui prive les habitants de Bil’in de la moitié de leurs terres. Les villageois s’engagent dès lors dans une lutte non violente pour préserver leur droit d’en rester propriétaires.
A la naissance de son quatrième enfant, Emad reçoit une caméra pour filmer ses proches et le début du conflit. Pendant cinq années, il brosse ainsi le portrait des siens, famille et amis, tels qu’ils sont affectés par ces événements. Cinq années d’une chronique intime de la vie d’un village plongé dans un affrontement de tous les instants. Emad a en tout utilisé cinq caméras, chacune s’étant brisée au cours de différents incidents. L’une d’elles a même protégé le paysan-cinéaste d’une balle qui aurait pu l’atteindre à la tête.
Chacune de ces caméras rend compte d’un chapitre de la longue marche pour la justice des habitants de Bil’in : les manifestations, les arrestations, l’accident grave d’Emad, la mort des amis, les espoirs…
Si le conflit israelo palestinien a déjà fait l'objet de quantités d'oeuvres (notament) cinématographiques, ce film est un témoignage absolument unique sur ce conflit qui n'a jamais été pareillement vu de l'intérieur.
Emad filme sans relâche pour témoigner, pour la mémoire de son village et ce documentaire à la première personne rend compte sur un temps long de la lutte d’un village contre l'imposition de ce mur.
De par cette façon d'Emad de raconter ce qu'il voit et ce qu'il vit sans jamais porter de justement, en y intégrant même un peu de poésie d'une voix douce posée sur des images d’une grande violence, le film est un vrai choc visuel qui nous dit comme rarement la folie meurtière des hommes et cet instinct de survie qu'a l'homme.
Alors, forcément, même si le coréalisateur Guy Davidi ( qui a monté et coordonné les images d'Emad) est israélien, le film est totalement de parti pris et fait clairement son choix dans le fait de savoir qui sont les victimes et qui est le boureau.
Cette subjectivité pourrait choquer, mais vu qu'il n'y a ici ni manipulation ni fictionnalisation, elle rend d'autant plus intense le combat de ces hommages pour sauver d'abord leur terre, puis leur vie.
Bref, le film ne sera évidemment pas distribué sur nombre de copies, mais si vous avez l'occasion de passer devant un cinéma qui le passe, ne le manquez surtout pas.