Alex Beaupain : avec lui, le déluge....... de bonheur!!
Lorqu'un artiste qu'on admire depuis le tout début de sa carrière, alors même qu'il était peu médiatisé, arrive subitement sous les feux de la rampe, porté par une vague de gens criant soudainement à son génie, on est partagé entre deux sentiments.
D'un coté, on est à la fois rassuré et heureux : rassuré en effet que nos goûts soient enfin partagés par le grand public, et heureux pour cet artiste de voir que les trompettes de la renommée retentissent enfin pour lui.
Et d'un autre coté, on se sent un peu dépossédé de l'objet de notre passion, un peu jaloux de voir que d'autres lui font les yeux doux, et puis on a un peur aussi que cet artiste prenne un peu la grosse tête et commence à perdre un peu tout ce qui en faisait sa singularité et son talent.
C'est cette ambivalence que je ressens depuis quelques semaines avec Alex Beaupain, tant cet artiste, dont je vous parle depuis le début de mon blog (c'est carrément lui que j'avais choisi comme mon tube de la radio de l'été l'an passé, avec un certain succès, je dois dire) est entré dans une nouvelle dimension depuis deux à trois mois.
Il faut dire que sa palette musicale est bien plus variée que dans les autres albums, avec des couleurs allant de la pop aux synthés des années 80, avec même quelques notes de folk. Après moi le déluge s’inscrit en fait totalement dans la grande tradition d’une musique française populaire mais exigeante en même temps. Et du coup, cet "après moi le déluge" s'avère être bien plus accessible, et sans doute moins manièré que ses précédents albums (que j'aimais pourtant énormément aussi); Beaupain se détachant un peu de l'univers Honoré, le coté un peu bobo parisien ( que j'adore pourtant largement) qui lui collait un peu à la peau, tout en restant classe, élégant et cherchant toujours des textes particulièrement brillants.
Entre son élégante nonchalance et son regard malicieux, j'adore son univers sensible qui le fait acceder au rang de ses idoles (et un peu des miennes aussi, ca tombe bien), tout un pan de la variété française de qualité, de Souchon, Berger et autres ...
Mais surtout ce qui me réjouit énormément, c'est que Beaupain sait chanter l'amour comme nul autre ( il ne sait chanter que cela dit il), pas l'amour mièvre et cucul la praline ( suivez mon regard), mais l'amour dans ce qu'il y a de plus vrai, de plus cruel, de plus juste, et de plus exacerbé (« Je peux Aimer pour Deux », "Pacotille"). J'aime également particulièrement Ca m’amuse plus » où, mêlant boucles électro et piano classique, il fait beaucoup penser à l'univers d'un Souchon (quand je l'ai fait écouter à ma mère, elle a pensé que c'était le dernier single de la souche), une de ses idoles de jeunesse qu'il assume désormais.
Comme cet album est plus accessible que les autres, le single que tout le monde fredonnera bientot, probablement , semble être cet "après moi le déluge", qui donne le titre à son album, et dont la mélodie, rappellant certains morceaux anglo saxons des années 80 est terriblement entetante et entrainante… Ode ironique et désespérée sur les sentiments contradictoires de la rupture amoureuse, la voici :
Plus amples, ses mélodies soignées et sa plume aiguisée dressent également un bilan doux-amer de la première moitié de sa vie, comme sur les titres En quarantaine . Son regard, lucide, plein d'autodérision mais en même temps jamais cynique, éclate dans tous les titres, sans exception, de l'album.
Et je n'oublierai pas de citer les titres qui montrent le degrès d'ouverture d''Alex Beaupain puisque désormais, il collabore avec d'autres artistes : Julien Clerc, retrouvant son inspiration des années 70, offre avec "Coule" un titre reconnaissable entre mille mais rudement réussi, impressionnant de maîtrise technique et vocale faisant également penser à des titres de Souchon, tandis que celle de "Contre le vent. avec La Grande Sophie entre dans les mémoires avec la mélodie implacable.
Mais s'il fallait en détacher un titre parmi tous les autres (mais pourquoi le faire en même temps?), il s'agirait certainement de l'avant dernier morceau de l'album, l'exceptionnel Je suis un souvenir, morceau fleuve qui parvient à raconter toute une vie en 6 minutes , deux morceaux dans lequel on se reconnait forcément à un moment ou à un autre, et traversé par une émotion à fleur de peau et des images incandescentes : « Je suis les gens qui dansent aux vingt ans d’un ami » / « Je suis tous ceux que j’aime, longtemps et plus du tout » / « Je suis combien de croix, je suis combien de tombes, avant que je ne ploie ? ».
La grande force d'Alex Beaupain, c'est avant tout qu'il sait être à la fois élitiste et populaire. Toujours juste dans ses propos et dans ses arrangements, Beaupain parvient à se positionner parfaitement où il faut, entre la nouvelle scène française un peu élitiste et la culture populaire de très bonne facture.Et j'espère que vous l'aimez autant que moi, car figurez que je l'ai vu en concert il y a peu et je reviens trés prochainement vous en parler ici même....
crédit Photo : Rudy Waks