Baz'art  : Des films, des livres...
5 février 2014

Quand deux réalisateurs monstres dévoilent tout d'eux...

 Vous avez du le remarquer: depuis plusieurs jours, j'ai accentué les chroniques cinéma au détriment des autres volets ( musicaux et littéraires) et je continue un peu puisque je vais parler de livres, mais qui ont un rapport  direct avec le 7ème art. En effet, cultivons, si vous le voulez bien notre mémoire cinématographique en vous parlant de deux immenses cinéastes qui ont marqué à jamais l'histoire du cinéma mondial.

Deux réalisateurs, Dino Risi et Roman Polanski, dont l'un est plus connu (et plus vivant aussi) que l'autre. Mais comme mon comparse Michel est définitivement plus cinéphile que moi, c'est lui qui s'est fait un plaisir de se plonger dans les mémoires de Dino Risi, un des plus grands cinéastes que le cinéma italien a connu, alors que moi je me suis plongé dans le très beau livre, certainement plus accessible de James Greenberg consacré à l'immense Roman Polanski.

Petite revue de détails en deux chroniques :

1. Mes monstres de Dino Risi ( edition L'age d'Homme/ Rue de Fallois)

risi

 

Le dernier monstre du cinéma italien c’est lui, Dino Risi, décédé en 2008 à 91 ans, après une carrière exceptionnelle. Dino a étudié la médecine, passé un doctorat en psychiatrie puis est devenu cinéaste tout naturellement. On lui doit une cinquantaine de films dont le magnifique « Fanfaron »,l’incorrect « Parfum de femme » et tant d’autres films monstres dont les héros s’approchent souvent très près de la folie. Son œuvre  véritable mémoire de l’Italie des trente glorieuses est à son image, libre, drôle et tendre et cruelle à la fois.

Avant sa mort, le cinéaste  a consigné ses souvenirs, il sera question de grandes et de petites histoires dans la grande Histoire de l’Italie.  Ce livre « monstre »  joue à saute-mouton avec les souvenirs, dans une anarchique chronologie, d’une époque à l’autre nous nous promenons avec lui. Georges Pérec et ses « je me souviens » n’est pas loin.

Souvenirs intimes : belles pages sur la mort de son père, médecin à la Scala de Milan, le jeune Dino n’a que  douze ans ou sur les derniers jours de Vittorio Gassman l’ami acteur alter ego. Souvenirs de tournages : lorsqu’il fait répéter huit fois une scène de baiser entre Mastroianni et Romy Schneider, le beau Marcello déclare : « et dire qu’on me paie pour ça ! »Avec Alberto Sordi il fêtera tristement la fermeture d’un bordel vénitien, une scène qui aurait pu être écrite par Fellini. Nous croiserons aussi la princesse Grace de Monaco, Sophia Loren, furtivement François Truffaut et tout ce qui a fait le cinéma européen au siècle dernier.

Dino Risi écrit le 23 décembre 2003 : « j’ai fait mon examen de conscience. Je ne suis pas fier de moi. J’ai été sot, infidèle, menteur, mesquin, hypocrite, fat, vaniteux, indécent, ennuyeux, triste, envieux, désespéré. Mais j’ai été aussi bon, généreux, amoureux, fidèle, joyeux, rêveur, indécis, timide, naïf, ignorant, poli, respectueux, honnête. » Dino Risi un Homme tout simplement.

Très joli livre que ce livre  de Dino Risi,mélancolique et gai, plutôt honnête avec lui-même et la vie en général.Bon je ne suis peut être pas très objectif: j’adore l’Italie et le cinéma de cette époque. Ceux qui étaient jeunes dans les années 70 et qui ont connules films de Risi ,Scola, Bertolucci, Monicelli..savent à quel point ces cinéastes étaient indispensables à tous cinéphiles.

2. Roman Polanski; une rétrospective James Greenberg ( ed de la Martinière)

polanski

Dans la foulée de ma vision de la Venus à la Fourrure, j'ai eu envie d'en savoir plus sur la filmographie de Roman Polanski, qui en 40 ans de carrière, est un de nos cinéastes actuels qui aura réalisé  quelques-uns des films les plus attachants, les plus intenses et les plus mémorables de notre époque.
Parmi ceux qui ont le plus marqué sa carrière, on citera notamment Répulsion, Rosemary's baby, Chinatown, Tess, Le Pianiste et Carnage, qui gardent avec le temps toute leur résonance. James Greenberg retrace la carrière du cinéaste, depuis Le Couteau dans l'eau (1962), qui lui valut sa première nomination aux oscars, jusqu'à son prochain film, La Vénus à la fourrure, adapté de l'œuvre de Sacher-Masoch. Abondamment illustré, avec plus de deux cents photos de films et de tournages, ce livre nous raconte l'histoire passionnante d'un réalisateur hors normes.

Ce magnifique livre de James Greenberg paru aux éditions de La Martinière se propose de retracer en long et en large la vie de l' homme et de l'artiste : un ouvrage qui  séduit et même émerveille par ses magnifiques et exceptionnelles photographies retracant l'intégralité de la carrière de l'artiste, mais il vaut aussi pour les textes extraordinaires de James Greenberg, un critique de cinéma très connu aux USA, qui a notamment travaillé au Los Angeles Magazine, et qui a eu la chance d'interviewer son sujet pendant près de 20 ans et de connaitre son Polanski illustré quasiement sur le bout des ongles. 

D'où une approche très riche, très documentée, et très précise de son oeuvre. Greenberg nous raconte ainsi l'enfance de Polanski dans le ghetto juif de Cracovie ( qu'il racontera dans le Pianiste, palme d'or à Cannes en 2002), dans une Pologne déchirée par la guerre et ensuite son ascension fulgurante sur la scène cinéma mondiale, grâce notamment à son tout premier film, le couteau dans l'eau réalisé en 1962, en passant par Tess,  en 1979, certainement un de ses plus grands chefs d'oeuvre, qu'il reconnait d'ailleurs comme" le film qui correspond exactement, pour la première fois, à ses sentiments les plus profonds".

On y voit , tout au long de cette passionnante  et magnifique retrospective, à quel point Roman Polanski peut être reconnu, et  perçu, et à juste titre, comme l’un des réalisateurs contemporains les plus audacieux et que son œuvre illustre à merveille les passions excessives de l’âme humaine et les méandres de l’oppression psychologique, sous toutes ses formes ( ce que son récent Vénus à la Fourrure illustre à merveille).
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Festival Sport, Littérature et Cinéma
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Une septième bougie pour le festival

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