La Chambre bleue: l'équation Simenon+ Almaric fonctionne bien!!
Le premier film de Cannes 2014 que j'ai eu la chance de voir (à... Lyon!) n'a pas été projeté en Competition officielle, mais dans la sélection "un Certain Regard"; il s'agit de la Chambre Bleue, le nouveau film de l'acteur réalisateur Mathieu Almaric, dont on avait d'ailleurs longuement parlé parmi les favoris des représentants français pour la compétition officielle.
Mais qu'importe son "déclassement"; j'avais tant envie de combler ma frustration de ne pas etre sur la croisette que j'ai foncé voir le premier film cannois (hors Grace de Monaco, tellement lynché partout que mon enthousiasme est bien limité) en salles dès le jour même de sa sortie, vendredi dernier.
Je me suis donc précipité pour ce dernier film réalisé par Mathieu Almaric, un acteur avec lequel j'avais du mal il y a encore quelques années, mais dont j'aime de plus en plus l'univers singulier au fil des années. Je n'étais pas aussi friand de cet univers à l'époque de sa dernière réalisation Tournée, qui avait pourtant enflammé les foules mais qui m'avait personnellement un peu laissé sur la route, trouvant le film quand même un peu trop maniéré et cérébral.
Pas de gros bouleversement dans l'approche cérébrale pour cette adaptation d'un roman de Georges Simenon. Si l'intrigue pourrait faire penser à une enquete classique sur une (voire même deux) morts suspectes, "La chambre bleue" opte pour une réalisation et une construction scénaristique assez radicales et épurées dans leurs mises en place. Le scénario alterne en effet des flash backs de la relation entre les deux amants diaboliques avec des scènes de procédure pénale très pragmatique.
Du coup, l'ensemble donne un objet vraiment étrange et intriguant qui emprunte autant à l'univers de Simenon ( notamment par la musique, assez proche des téléfilms tirés de l'oeuvre de Simenon que je voyais étant enfant) qu'à celui d'Almaric, fait de dialogues très littéraires, de scènes proches de l'onirisme, d'un jeu à la frontière du théâtre et du cinéma , une mise en scène privilégiant les plans fixes et des cadrages très précis, faisant parfois penser à des tableaux ( avec notamment ces plans assez fascinants sur le pubis de la maitresse jouée par l'envoutante Stéphanie Cléau, coscénariste du film et compagne d'Almaric à la ville).
On appréciera donc l'esthétisme soigné et plutôt discret de ce film qui distille un mystère certain qu'il conservera tout du long de ce (court-1h15) long métrage qui ne nous livrera pas toutes les clés à la fin du film ( même si on peut se faire une idée assez précise du dénouement)
La chambre bleue peut paraitre parfois un peu austère, notamment dans ces scènes de procédure judiciaire (malgré l'excellente composition du décidement formidable Laurent Poitrenaux dans le rôle du juge), mais cette austérité, qui contrebalance les scènes de souvenirs plus lumineux du présumé coupable et époux adultére (interprété par Amalric lui-même ), confère en même temps un charme singulier à ce film assez insaissisable qui mine de rien, dit deux ou trois choses plutot profondes sur les si complexes relations humaines.
LA CHAMBRE BLEUE Bande Annonce Officielle