Un (trop?) copieux poulet aux prunes ( invitations inside)
Deux jours de suite dans les salles de cinéma, cela faisait assez longtemps que ça ne m'était pas arrivé. En effet, un jour après avoir vu Polisse (ma chronique bientôt en ligne, je sais que vous en mourrez tous- et toutes- d'impatience), je suis retourné au cinéma voir un film totalement différent, et dans sa forme et dans son fonds. Il s'agit de Poulet aux Prunes, film qui faisait partie de ceux que j'avais mentionné dans une de mes précédentes chroniques de sortie des films.
Ici, contrairement à Polisse, aucun lien avec le quotidien, le réel, le travail: nous sommes ici dans la fable, la fresque poétique, le rêve éveillé, bref tout ce qui exige de se laisser porter par l'histoire qui nous est racontée, sans nous soucier de la vraisemblance des situations ou de la véracité psychologique des personnages.
Et hélas, en sortant de Poulet aux prunes, je me suis dit que sans doute, j'étais un garçon trop terre à terre, qui gardait en lui trop de résistances pour se laisser complétement guider vers un chemin peu balisé. Marjanne Sartrapi et Vincent Maronnaud, les deux réalisateurs du film, et qui avaient été extrêmement remarqué lors de leur premier long métrage, Persepolis, film d'animation adaptée d'une bande dessinnée de Marjanne Satrapi, avaient prévenu pendant le tournage de leur second film qu'ils préparaient "une oeuvre que les gens n'ont pas l'habitude de voir au cinéma".
Et effectivement, nul ne peut leur contester ce souci évident d'originalité et d'inventivité, plus dans la forme que dans le fond (l'histoire d'un violoniste iranien qui se remémore, avant de mourir, les moments clés de son existence). Le style est délibérement issu de l'animation, et même si le film est fait en prise de vue réelles, il ya plusieurs idées visuelles détonnantes et trés sytilisées, où le maitre mot est : imagination. Ici, les suicides sont forcément vus et revus dans la tête, de façon très surréaliste, ce qui nous vaut des scènes croquignolettes, un peu à la Amélie Poulain; et de même la mort peut également prendre la forme d'un ange des ténèbres à qui Edouard Baer prête toute son élégance désuette.
Bref, nous avons affaire à un patchwork cinématographique qui prend différentes formes : conte oriental , séquences animées, mélo à la Bolywood. Et si certaines scènes sont vraiment magnifiques, notamment dans la dernière heure avec la trés belle Golshifteh Farahani (voir photo) en objet d'amour impossible, d'autres flirtent dangeureusement avec le ridicule (la satire de l'american way of life par exemple).
Car hélas, force est de constater que cette profusion visuelle et de genres différents apparaît parfois décousue, et manque parfois de fluidité qui va à l'encontre de l'objectif affiché. A force de surenchère, l'émotion a du mal à percer, et du coup toute cette indéniable beauté plastique a quelque chose d'un peu figé.
En bref, Poulet aux prunes est un trés appetissant mets, mais un peu trop roboratif.
Cela dit, pour ceux qui veulent quand même tenter l'expérience de de film qui reste malgré tout ambitieux et lyrique, je vous offre une invtation pour deux personnes valables dans toutes les salles de cinéma. Ceux qui sont intéressés pour participer à mon modeste jeu concours me le signalent par commentaire, jusqu'à vendredi 4 novembre, 18 heures, et je procéderai à un tirage au sort, en cas de participation multiples.