Sils maria m'a (un peu) réconcilié avec le cinéma d'Assayas!
Après mai, le précédent long métrage d'Olivier Assayas, n'avait fait que conforter mon avis général sur ce cinéaste dont j'ai du mal à apprécier la grande majorité de son oeuvre, de "Clean" à "L'heure d'été", tant ses oeuvres sont en général certainement filmées avec intelligence et un vrai regard de cinéaste, mais tellement cérébrales et froides qu'elles sont dépourvues de la moindre émotion.
J'allais donc voir (il y a maintenant plusieurs semaines de cela, toujours un peu de retard avec mes chroniques ciné) avec pas mal de réticence ce "Sils Maria", déjà le quinzième long métrage d' Assayas, présenté en sélection officielle de Cannes dernier, et je dois dire d'emblée que sans être sorti totalement emballé et bouleversé de la projection, ce Sils Maria est sûrement l’un des plus intéressants et les plus maitrisés de ce cinéaste (qui sort actuellement chez Stock un livre d'entretiens qui est parait il passionnant).
Il faut évidemment rentrer dans l'univers de ce film, lent et pour le moins assez érudit, et d'aucuns risquent de trouver les 2h08 un poil longues, mais pour qui se laisserait prendre, on ne peut qu'être réceptif à l'intelligence du propos. Tous les passionnés du monde des acteurs ( de cinéma, mais surtout de théâtre) ne pourront qu'être captivé par les thèmes abordés dans cette oeuvre, les interférences plus ou moins consicente entre le jeu et la réalité, le questionnement des acteurs sur leurs personnages, le jeu de miroirs entre la façon de jouer aujourd'hui et il y a trente ans, et ceux d'aujourd'hui, la starification actuelle à l'heure d'internet et des réseau sociaux.
Je n'ai pu m'empecher de penser pendant tout le film au dernier long de David Cronenberg, "Maps to the Stars", présenté également à Cannes cette année, un film dans lequel Julianne Moore revenait aussi sur un rôle marquant chez elle, quitte à ce retour forcé vers son passé entrainer des bouleversement, ainsi qu'une peinture féroce du monde des comédiens et du spectacle (voir ma chronique ici).
A travers le portrait d'une actrice confrontée à retrouver le rôle de sa jeunesse, Sils Maria nous livre également une cruelle et pertinente réflexion sur le temps qui passe , l’empreinte des souvenirs de jeunesse, et la résilience de certains souvenirs.
Un double-jeu de séduction-perversion entre Maria et Valentine (Kristen Stewart absolument renversante dans un rôle qui semble discret sur le papier et qu'elle met énormémént en valeur), et les personnages de la pièce qu’elles répètent.Cette relation engendre un parallèle forcément troublant, entre le texte de la pièce et les relations entre les deux femmes. En faisant répéter à ses actrices une pièce de théâtre au thème faisant écho à leur situation réelle, Assayas nous propose un jeu assez machiavélique et assez jouissif, qui fait que l'on ne décroche jamais , en dépit d'un certain agacement qu'on peut ressentir face à ces personnalités remplies d'égos et de superficilaité parfois.
A la fin du film, on se dit qu'on assisté à un bel exercice de style intelligent et souvent intriguant, mais hélas pas à un film qui nous aura totalement transporté et ému.