Le complexe d'Eden Bellwerther : coup d'essai, coup de maitre!! (MRL 2014)
Cette année, pour la troisième édition du l'opération les Matches de la Rentrée Littéraire, j'avais décidé de changer mon fusil d'épaule : adieu les romans français qui se lisent vite mais s'oublient aussitôt, et bonjour au gros pavé anglo saxon qui me prendrait évidemment plus de temps à finir, mais qui me laisserait certainement un meilleur souvenir après lecture, et qui surtout me permettrait enfin de donner une note bien meilleure que celles des deux autres années.
Du coup, parmi la belle sélection de cette année, mon choix s'est porté sur "Le Complexe d'Eden Bellewether", un roman anglo saxon qui me faisait de l'oeil depuis plusieurs semaines, depuis exactement le jour où j'ai entendu parler de lui pour la première fois, fin août lorsque ce roman reçut le Prix du roman fnac des libraires et des adhérents Fnac, un prix qui généralement augure d'un bon, voire parfois très bon cru.
Alors, forcément, je savais comme je l'ai dit plus haut que j'allais me plonger dans un roman très dense et documenté qui ne se lit pas de façon légère ou approximative et qu'il faut du temps et de la disponibilité pour bien s'en approprier la lecture.
Cependant, à la lecture de ces près de 500 pages, je peux vous dire que le jeu en valait largement la chandelle tant "Le Complexe d'Eden Bellwether", premier roman d'une jeune anglais de 34 ans, Benjamin Wood, est un vrai bijou, et assurément un des grands coups de coeur littéraire de la rentrée littéraire.
Même si dès le début du livre, je sais que je suis en terrain connu, car j'ai déjà eu l'occasion de lire un certain nombre de ces "Campus Novels" dont la littérature américaine s'est fait une spécialité (du "Maitre des illusions" de Dona Tart à au "roman du mariage" de Jeffrey Eugenides, deux chefs d'oeuvre du genre), "ce complexe d'Eden Bellwether" en est une version britannique absolument brillantissime et qui mélange réflexion très pertinente sur la folie, et thriller sur la manipulation parfaitement maitrisé.
Pendant tout le livre, le lecteur s'interroge, un peu comme le fait Oscar, le jeune aide soignant qui se retrouve un peu par hasard au sein de ce groupe de jeunes brillants musiciens et universitaires, afin de déterminer si ce Eden Bellwether, le frère virtuose de la jeune fille dont il tombe éperdument amoureux, est un fou manipulateur ou un génie capable d'utiliser le pouvoir hypnotique de la musique à des fins médicales et scientifiques.
Car, oscillant sans cesse entre folie et génie, Eden prétend en effet que la musique de certains compositeurs, en particulier celle de Mattheson aurait le pouvoir d'affecter et de manipuler émotions et passions et même de guérir.
Le roman de Wood, mécanique fort bien huilée, fouille ainsi de manière bien profonde la thématique du pouvoir thérapeutique de la musique et de l'hypnose sur la maladie et la souffrance, un peu à la manière du dernier film de Woody Allen oppose le rationnel à l'irrationnel; et les sciences et médecines traditionnelles aux croyances surnaturelles et parrallèles.
J'ai été particulièrement sous le charme de la façon dont la communauté d'étudiants du livre de Benjamin Wood n'est vue qu'à travers le regard d'un "étranger",Oscar, qui va s'intégrer à cette petit groupe en préservant toutefois une certaine distance sur le soi disant génie de cet Eden, individu atteint de personnalité narcissique, tout en arrogance, de perversion et de domination.
De la même facçon, j'ai tout autant apprécié l'intervention à mi parcours d'Herbert Crest, un psychologue spécialiste des troubles de comportement qui veut débusquer la personnalité d'Eden mais qui lui aussi se trouve pris dans les mailles de sa folie, et qui aboutira à un dénouement pas si attendu que cela, et qui ne déflorera pas tous les mystères et zones d'ombre parsemés au fil du récit.
Bref, un très grand livre, et comme il le challenge des matches de la rentrée littéraire impose de mettre une note sur 5, je lui mettrais un excellent 4.5/5, autrement dit quasiment la note maximale...j'ai eu bien fait de changer d'optique, moi, vous ne trouvez pas?