Scoop au Musée de l'Imprimerie : une exposition à voir...en se press(ant)!!
Voilà un musée lyonnais dont, en cinq ans de blog, je n'avais pas encore eu l’occasion de parler, alors même qu’il est situé en plein centre ville et traite de sujet qui me passionne de prime abord.
En effet, le Musée de l’imprimerie et de la communication graphique, puisque c’est de lui qu’il s’agit, cherche, et ce, depuis sa création en 1964 , à mettre en avant le patrimoine livresque et graphique tout en poursuivant un travail de recherche, d'archivage et par la tenue régulière de nouvelles expositions.
Si toutes les expositions présentées n’ont pas forcément le même intérêt pour le grand public-et pour moi d'ailleurs-, celle qui commence ce jeudi 8 octobre et que j’ai eu la chance de visiter hier en avant première (avec une formidable présentation du commissaire de l’exposition : Gilles Feyel, grand spécialiste de l’histoire de la presse française) ne peut que passionner une grande majorité de français.
En même temps, je pensais tout à fait naivement - et parce que j'ai tendance à ne pas sortir de ma bulle professionnelle- que la presse écrite passionnait encore une grande majorité de français, mais j’ai vu dans le dossier de presse qu’elle ne constitue la première source d’information que pour... 3% des français (euh, dois je avouer que je me considère faire partie de ces 3% ?), contre 58% pour la télévision qui reste qu'on le veuille ou non -et malgré le départ de Claire Chazal le médium préféré des français en terme d'information.
En fait, le problème ne concerne pas que la France puisque partout du moins, dans les pays occidentalisés, la presse papier perd du terrain, et certaines villes américaines ne possèdent d’ailleurs déjà plus leurs propres quotidiens locaux, ce qui était purement impensable il y a quelques années encore.
Bref, la presse écrite s’interroge énormément sur la forme de leur futur, elle est de façon évidente à un de tournant de son histoire, et cette exposition, qui raconte 400 ans d’histoire des journaux quotidiens, est l’occasion idéale pour prendre du recul et de réfléchir sur leur évolution à travers les temps.
On y voit ainsi à quel point la presse a résisté à beaucoup de systèmes et à de nombreux aléas historiques, sociaux, structurels et si elle a modifié de nombreuses fois de modèles économiques et de ligne éditoriale, ses missions de créateur d’opinion n’ont pas varié d’un iota.
Il faut aussi savoir que cette exposition n’aurait pas pu voir le jour sans la générosité d’un collectionneur lyonnais, Bernard Gelin, présent aussi hier, qui décida d’offrir en 2008 un fonds d’environ 30000 journaux français et étrangers.
L’ensemble comprend des exemplaires des tout premiers journaux français pour une collection particulièrement étoffée pour certaines périodes de l’histoire de France, marquées par une intense effervescence de la presse, telles la Révolution française, celle de 1848, la Commune de Paris,Les Grandes Guerres...
Cette collection exceptionnelle permet ainsi de mesurer l'étendue de l’évolution graphique de ce produit éditorial si particulier qu’est le journal et notamment le quotidien, à 95% mis en valeur dans cette exposition.
Entre les premières gazettes qui ressemblent trait pour trait à une page de livre, et l’écran de notre tablette où l’actualité s’affiche désormais plusieurs fois par jour, les journaux ont été à l’avant-garde de tous les bouleversements de l’imprimerie et de la communication graphique.
On y voit combien les quotidiens se sont transformés en fonction de critères techniques mais aussi économiques, sociaux et culturels. Ils ont également, et c'est tout à leur honneur, recherché et souvent provoqué les innovations des industries graphiques afin d’être tirés plus rapidement, pour devenir plus attractifs, mieux et davantage illustrés, bref, pour être lus et appréciés par le plus grand nombre.
Avec près de 250 journaux et objets, l’exposition "Scoop: une histoire graphique de la presse" raconte avec ce qu'il faut de pédagogie et d'ingéniosité l’histoire de l’évolution de la mise en page du journal, du plus petit exemplaire au + grand.
Bref, une exposition à ne pas manquer, mais comme elle court jusqu’au 31 janvier 2016, vous n’êtes pas obligés de vous y…presser, sauf peut-être si d'ici cette date, le nombre de passionnés de presse écrite passe à 2% !!
Musée de l’imprimerie
13rue de la Poulaillerie
69002 Lyon