Little go girls : un documentaire dans l'intimité des go d'Abidgan
Éliane de Latour est une de ses personnalités à part du 7ème art : après avoir réalisé deux expositions photographiques avec les prostituées d’Abidjan, elle retourne voir ces go pour un projet de film documentaire, directeur de recherche au CNRS, elle a aussi été cinéaste, de documentaire et également de fiction avec son Bronx Barbès en 2000 tourné dans les ghettos d'Abidjan, primé à Locarno, et qui avait cartonné à Abidjan où il avait battu Titanic au Box Office.
Pour son nouveau long métrage, Little Go Girls, qui sort en salle le 9 mars, Eliane de Latour reste à Abidjan, tout en revenant pour le coup à ses premieres amours, le long métrage documentaire mais dans la continuité de son travail d'anthropologue.
Depuis 2009, la cinéaste a travaillé sur projets de photographies sur jeunes filles entre 10 et 23 ans qui se vendent dans les ghettos. Et après avoir réalisé deux expositions photographiques avec des ces Go d'Abidjan, une catégorie de prostituées vivent dans la misère et l'exclusion absolue, elle a décidé de clore cette trilogie par l'image avec ce long métrage documentaire Little Go Girls.
On peut penser à un Much Loved- le beau et récent film de Nabil Ayouch qui suivait également le quotidien de prostituées, mais à Marrakech, mais sous l'angle de la fiction, Eliane De Latour nous plonge dans l'intimité de ces Go des ghettos d'Abidjan, issues de classes sociales très pauvres, souvent analphabètes, et qui ont une clientèle pauvre composée des petits voyous du ghetto.
Ce film éclaire leur intimité par petites touches, comme des instantanées prises sur le vif, et tend à sonder leurs conditions de parias, mises au ban de la société ivoirienne dans son ensemble. poursuivant le travail de photographies qu' Eliane de Latour avait initié et la complicité qu'elle a réussi à instaurer avec ces filles perdues mais qui tentent par tout moyens de résister.
Et la caméra de De Latour, qui ne filme jamais les hommes- parvient ainsi à rendre Blancho, Bijou, Chata, Mahi. ces filles. vendent leur corps dans l’espoir d’avoir un peu d’autonomie, à la fois belles et dignes,
Grace à caméra intime mais jamais intrusive, Eliane De Latour rend un bel hommage et magnifie totalement sous sa caméra ces filles dignes et belles qui cherchent à défaut sinon de la reconnaissance mais un peu d'espoir et de croire à leurs rêves. La photographie du film est vraiment magnifique, ce qui semble assez logique vu le pedigree de la cinéaste.
On pourra reprocher à Little Go Girls une absence presque totale de narration, et de dramaturgie, avec un sentiment, à la fin de la projection que ces filles restent avec leurs mystères. On a en effet l'impression que la cinéaste reste dans son statut d'ethnologue et n'a pas cherché à rendre ces filles proches du spectateur, qu'elles restent assez insaississables tout le long du film, restant finalement plus sur un travail photographique que psychologique.
Little go girls prouve toutefois le talent de Latour à capter les silences, des regards, et tous ces instants volés qui mettent en valeur ces go d'Abidjan qu'on a été heureux de découvrir.
Interview d'Éliane de Latour pour "Little Go Girls"