Totalement dépendants au (Vernon) Subutex...
Vernon Subutex, ce roman choc de Virginie Despentes, on en avait déjà parlé l'été dernier juste avant de partir en vacances mais à l'époque, on avait seulement lu le premier tome de ce formidable portrait l’état de notre société, , son septième roman, une trilogie dont le prochain volume sortira en mars 2015 et le deuxième en juillet, et le troisième en revanche met pas mal de temps en arrivé, laissant les dépendants à cette trilogie en état de manque..
A l'heure ou vienent de sortir en Livre de Poche les deux premiers volets de la saga, petit retour en ce mercredi matin sur les critiques enthousiastes de Michel :
Vernon Subutex 1: portrait choc d'un type pas vraiment bien..
« Lancer un lynchage médiatique est plus facile que de faire décoller un buzz positif. Elle prétend qu’elle sait faire les deux, mais l’époque plébiscite la brutalité. Celui qui défonce est celui qu’on écoute – il faut toujours prendre un pseudonyme mâle pour malmener quelqu’un. Le seul son qui apaise les forcenés qui hantent les couloirs du Web, c’est celui du maton qui broie les os d’un codétenu. »
Vernon Subutex, bientôt la cinquantaine est viré de son appartement. Depuis deux ans sans ressources, il vivait grâce à la générosité d’Alex, un ami de jeunesse, devenu chanteur à succès. Alex vient d’avoir la très mauvaise idée de mourir d’une overdose dans la salle de bain d’une chambre d’hôtel. Plus personne pour payer le loyer, Vernon se retrouve dehors avec son carnet d’adresse et une clé USB qui contient les confessions du chanteur, confessions qui vont attirer bien des convoitises mais en attendant Vernon doit trouver un toit ce soir.
Ouf c’est du lourd, Virginie Despentes revient et ça va faire mal. La romancière passe notre époque à la moulinette : que sont nos amis de vingt ans devenus ? Galerie de portraits d’une incroyable justesse, Despentes embrasse Paris et étreint ses personnages avec empathie. De l’extrême droite à l’extrême gauche, bobos du Marais, SDF, motards de banlieue, Skins, Gays, Lesbiennes, Trans, bourgeoise de Passy, femmes battues, microcosme des Média, Facebook : Virginie Despentes affronte avec courage la France de ce début de XXI è siècle.
Phrases courtes et lapidaires, en peu de mots l’écrivaine croque un personnage, un univers, une situation, c’est un feu d’artifice d’images fortes et le lecteur est saisi par ce formidable savoir-faire. Mais bon sang ! Que le monde selon Virginie est sombre, glauque et sans espoir et qu’est-ce qu’on se met dans le pif et dans le gosier.Les enfants du rock ont bien mal vieillis, les rapports humains sont-ils devenus si inhumains ? Vernon Subutex est un sacré connard, mais il a encore deux tomes à venir pour se racheter.
Vernon Subutex 2 : un bal littéraire toujours étonnant
« Souviens-toi, Vernon, on entrait dans le rock comme on entre dans une cathédrale… »
Où l’on retrouve Vernon Subutex devenu le clochard céleste des Buttes-Chaumont. Le parc est son royaume, et le bar Rosa Bonheur son palais. Entouré d’une cour des miracles 2.0, Vernon revient à la vie, Charles, Laurent et Olga ses compagnons de misère sont tout surpris de rencontrer des inclus qui font le Paris des années 10. Le parc du XIXe arrondissement devient le dernier salon où l’on refait le monde, des amitiés improbables naissent, on s’ouvre à l’autre, on se redécouvre. Ce pourrait être presque un monde idéal. Dommage, les confessions vidéo d’Alex vont cristalliser la haine du groupe sur Laurent Dopalet, ce producteur très en vue serait responsable de la mort de……
Et l’on sait que la colère et la vengeance sont mauvaises conseillères.Formidable écrivaine, Virginie Despentes est toujours étonnante. Elle organise un bal littéraire, plus d’une vingtaine de danseurs sur la piste, qui nous parle de la violence de la lutte des classes dans le monde d’aujourd’hui.
Jamais cynique, Despentes porte un regard bienveillant sur ses personnages, omnisciente, elle est dans chacun d’eux, chaque protagoniste est composé de manière scientifique et affective, elle décortique leurs faits, leurs gestes, leurs psychés pour dévoiler l’essence même de leur humanité.
Qu’est-ce qu’être un homme, une femme, un jeune, un vieux dans Paris en 2016?. Comment naissent des interactions entre les personnes.? Comment vit-on avec son passé, son présent et son futur possible?. Virginie Despentes nous tend une photographie romanesque dont le réalisme social emporte le lecteur très loin en compagnie de personnages tellement proche de nous...