La fille de Brest: Emanuelle Bercot continue sur la lignée du cinéma engagé et militant!!
J'attendais avec grande impatience le cinquième long-métrage de la réalisatrice Emmanuelle Bercot, un an à peine après le très beau la tête haute,un des grands films de l'année passée, du cinéma fort intense, juste et percutant, qui assurément, ouvrait en grande beauté cette 68ème édition du Festival de Cannes...A peine après ce coup de force, revoilà Bercot avec un autre film engagé et militant, La fille de Brest, qui sort en salles ce mercredi 23 novembre et j'ai eu l'occasion de voir le film en avant première grâce au distributeur haut et Court.
Les points communs entre les deux derniers films d'Emanuelle Bercot sont assez manifestes, les deux récits s'efforcent de nous raconter comment des individus mettent leurs qualités professionnelles et humaines, au service de causes qui sont des affaires d'états et même des affaires concernant l'Etat directement, là la justice, ici la santé.
Le film nous plonge sans fioriture et, sans ménagement aucun pour le spectateur, dans les arcanes de cette lutte sans merci..Avec dès la seconde scène une séquence d'intervention chirurgicale assez insoutenable de réalisme, Bercot nous plonge immédiatement dans le bain sans présentation superflue dans le long et fastidieux parcours du combattant mené par cette pneumologue que personne ne prenait au sérieux au départ.
Un combat qui n'aura pas été vain puisqu'il aura servi à supprimer ce médicament dont le potentiel mortel aura été prouvé, mais aussi de stigmatiser les failles du système sanitaire français, et de tenter de limiter les collusions entre les membres des organismes chargés de protéger la santé des citoyens et les groupes tout-puissants qui abreuvent le marché de pilules.
Si le film de Bercot n'échappe pas toujours, surtout dans sa première partie, plus factuelle et moins émouvante que le seconde, aux pièges du film dossier- contrairement à un autre film qui de déroule dans un hôpital "Réparer les vivants" dont nous n'avons hélas pas encore trouvé le temps d'en parler- Bercot arrive à y insuffler suffisamment d'enérgie et de fougue à son enquête et au personnage de Franchon.
Cette sorte d'Erin Brokovich à la française possède une energie et une volonté de fer chevillée à son corps, que la prestation assez phénomènale de Sidse Babett Knudsen- déjà éblouissante l'an passé dans l'Hermine met parfaitement en valeur avec un jeu vraiment imprévisible et survolté, parfois même un peu brouillone, qui fait qu'on a envie de la suivre jusqu'au bout d'un combat dont on connait un peu trop les tenants et aboutissants...
Tant et si bien que si au départ on peut être surpris que Bercot ait choisi une scandinave pour incarner une bretonne 100% pur jus ( comme le titre du film l'indique), au bout de 10 minutes de film on ne voit pas qui d'autre qu'elle aurait pu jouer ce rôle..
L'actrice parvient à rendre son personnage tellement humain que le film y gagne en tendresse et empatie, d'autant plus que sa relation avec le docteur Antoine Le Bihan - un Benoit Magimel tout aussi sensible que dans la tête haute- est traité avec délicatesse et beaucoup d'acuité
Fille de chirurgien, Emmanuelle Bercot est parfaitement parvenue à peindre avec ce qu'il faut de justesse et de réalisme cet univers médical dans lequel laboratoires, médecins et agence de la Santé livrent une lutte parfois sans merci et dans lesquels les grands groupes pharmaceutiques semblent hélas préoccupés par le profit que par l’humain..
Une oeuvre citoyenne et réfléchie, filmée comme un thriller médical prenant, bref un film salutaire à conseiller pour cette fin d'année 2016..