Plus jamais seul : le poignant combat d'un père contre l'homophobie
S’inspirant du meurtre de David Zamundo, victime d’un crime homophobe qui est survenu à Santiago en 2012, le réalisateur et musicien Alex Antwandter signe son premier long métrage, Plus jamais seul (distingué du Teddy Bear à la Berlinale 2017) , qui sort en salles mercredi prochain et qu'on a eu la chance de voir en avant première grâce au Distributeur Epicentre Films. Une oeuvre étonnante et profondément émouvante :
Voilà un beau film chilien qui risque de passer inaperçu mercredi lors de sa sortie en salles qui nous raconte le lien difficile mais plein d'amour d’un père pour son fils, avec en toile de fond de la difficulté d'être homosexualité au sein d'une société chilienne visiblement très masculine et pour qui l'homosexualité n'a hélas rien de naturel.
Il est l'oeuvre d'un musicien électro célèbre en Chili et toute en amérique latine qui a été marqué comme tout le pays par un atroce meutre homophobe survenue en 2012 et a choisi d'en faire l'objet de sa première fiction. Un meurtre homophobe dont la portée médiatique fut si vive que le Chili promulgua une loi au nom de sa victime, la loi Zamudio.
En suivant dans sa première partie un jeune un peu à part qui suit des cours de danse, qui s'habille en femme et aime aussi se maquiller, et qui tombe amoureux d’un garçon, et qui va subir une agression particulièrement violente, le film pourrait être un réquisitoire contre la violence homophobe mais en fait est finalement plus et mieux que cela du fait de son découpage particulier et du virage qu'il prend à mi parcours du film.
Scindé en deux parties, la première centrée sur le jeune homme et le deuxième sur son père,Plus jamais seul parvient à s'affranchir de la simple retranscription d'un terrible fait divers, et d'un coté dossiers de l'écran qu'on pouvait craindre en axant son propos sur une difficile mais touchante relation père-fils dans un Chili rongé viscéralement par une intense crise économique.
En se focalisant dans sa deuxième partie sur Juan, le père, responsable de production et associé dans une usine de fabrication de mannequins, qui va peu peu découvrir ce que subissait ce film, et qui va se retrouver face aux failles des systèmes judiciaire et médical le réalisateur tend à l'universalité et rend la portée de son oeuvre plus grande..
On pense à un autre film d'Amérique du Sud, le radical Despies de Lucia de Michael Franco, mais avec ici plus d'empathie et d'humanité dans le regard porté sur ses personnages . et surtout le scénario de Plus jamais seul évite le coté revenge movie qu'on aurait pu craindre en naviguant sur des contrées moins attendues, quitte à en devenir frustrante dans un dénoument un peu trop ouvert..
En effet, comme Comme Alex Antwandter le dit lui même dans le dossier de presse de son film : " Avoir un homme d’âge mûr, hétérosexuel, comme personnage principal a le mérite de faciliter l’identification du plus grand nombre et de mettre en lumière les préjudices de cette violence quotidienne »,
De même on appréciera également le très beau travail sur la bande sonore et musicale, variée et large spectre qui varie de l’opéra à la musique pop , pour conférer encore plus d'émotion à ce récit rendant une vraie dignité aux laissés pour compte.
Une oeuvre étonnante et émouvante qui fait croire en l'homme et en sa capacité résistance et de solidarité face à la barbarie.