Le très grand Akira Kurosawa en trois diamants noirs réédités...
Akira Kurosawa, 1910-1998, signe particulier : est considéré par tous les vrais cinéphiles comme l’un des plus grands cinéastes du XXe siècle.
Il a adapté Shakespeare, Dostoïevski, Gorki, et a beaucoup influencé Hollywood : Rashomon (1950) donne « L’outrage »(1964) avec Paul Newman, Les sept Samouraïs (1954) deviennent « Mercenaires » en 1960 et « La forteresse cachée » fut une mine d’idées pour Georges Lucas et la saga Star Wars.
Long plan séquence, fluidité de la caméra, ou scènes très découpées, utilisation de plusieurs points de tournage, les plus grands cinéastes américains apprennent la grammaire cinématographique chez le maitre japonais.
Arthur Penn, Francis Ford Coppola, Sergio Leone, Spielberg, Scorcese, Tarantino, j'en passe et d'autres, n'en finissent pas de lui dire merci.
Pour vérifier ce que la cinéphilile mondiale doit à l'immense Kurosawa, Wild Side réédite dès demain, le 3 mai , trois diamants bruts et noirs de sa filmographie, qu'on vous détaille dès maintenant :
1. "Les bas-fonds »(1957)
C'est sans doute l'un des Kurosawa les plus sous-estimés et méconnus, une très puissante adaptation de la pièce de Maxime Gorki,Réalisé la même année que "Le Château de l'Araignée", "Les Bas-Fonds" s'aventure vers un autre registre cher à Akira Kurosawa.
On y parle de gens rejetés par la société, de marginaux, le tout avec humanisme. Adaptation d'une pièce de théâtre de Maxime Gorki déjà mise en scène par Jean Renoir en 1936, "Les Bas-Fonds" se déroule donc au Japon de l'ère d'Edo, alors que les disparités sociales sont monnaie courante.
Un film réaliste à la poésie noire, un huis-clos porté par des acteurs géniaux. Le cinéaste invente le cinéma théâtralisé.
2.Les salauds dorment en paix (1960)
Voici le premier film de la société de production que Kurosawa a monté pour accroître ses marges d'autonomie artistiques.
Pour la séquence du mariage dans son film « Le Parrain » Coppola a avoué qu’il avait beaucoup étudié la scène du banquet qui ouvre « Les salauds dorment en paix » version moderne d’Hamlet.
Tous les acteurs sont au diapason d'un Toshiro Mifune parfait en fils vengeur qui hésite sur le sens de son geste. Un film méconnu à redécouvrir d'urgence.
Un implacable film de vengeance qui condamne la corruption gangrénant le monde des affaires. Un chef-d’œuvre moraliste et humaniste.
3.Entre le ciel et l'enfer (1963)
« Entre le ciel et l’enfer » c’est là que se trouve Kingo Gondo homme d’affaire redoutable. Oui il devra choisir, le fils de son chauffeur a été enlevé, doit-il payer la rançon pour un enfant qui n’est pas le sien ?
Le pitch est d’une efficace simplicité mais le drame hitchcockien en diable attrape le spectateur à la gorge et ne le lâche plus, les dernières scènes dans les bas-fonds de la ville sont bouleversantes.
Voilà donc présentés trois bonnes raisons d’affiner sa cinéphilie, merci à Wild Side qui depuis octobre 2015 réédite avec soins et talent les chefs-d’œuvre d’Akira Kurosawa.
Et souvenez-vous, jeunes cinéphiles : « Il n’y a pas de vieux films il n’y a que des films que l’on pas vus. »