Le Christ aveugle : un film en lequel on a envie de croire !
Sélectionné à la Mostra de Venise, en compétition officielle en 2016, ce long métrage du réalisateur chilien Christopher Murray, qui a aussi fait partie de la sélection des Reflets du Cinéma Ibérique est assurément une curiosité de ces sorties juste avant le Festival de Cannes.
Une fable austère et mystérieuse qui embrase les thèmes de la croyance et de la foi, mais aussi celles de la solitude dans les parties les plus reculées de la planète, de la folie et du désespoir.
Michael, mécanicien trentenaire, dit avoir eu une révélation divine dans le désert. Loin de le croire, les voisins le traitent comme l'idiot du village. Quand il apprend qu’un ami d’enfance a eu un accident dans un hameau éloigné, il décide de tout abandonner pour faire un pèlerinage pieds nus, espérant réaliser un miracle et guérir la jambe de son ami.
Le film se déroule dans le cadre vraiment étonnant de lala pampa de Tamarugal (située au nord du Chili), un lieu profondément désertique où se déroule régulièrement ce genre de pélerirnage, et suit le périple de plus de cent kilomètres de cet homme persuadé de faire des miracles à la grande perplexité des villageois qu'il croisera sur sa route.
Interrogeant profondément le rapport à la foi qu'un homme peut entretenir, sans être vraiment une oeuvre mystique ou religieuse.
En effet, la foi qui nous est montrée dans le Christ aveugle s'exprime hors des institutions- on n'y voit aucun prêtre- et interroge plus le rapport à l'humain qu'au surnaturel qui animent ceux qui croient.
Et la caméra de Murray filme avec douceur et sensibilité ces hommes, abandonnés par la société toute entière -le film est également une charge subtile contre les méfaits du capitalisme qui malgré ses belles promesses n'aura conduit qu'à accroitre les inégalités. - et qui se raccroche tant bien que mal à la foi.
Ce peuple abandonné qui veut néanmoins croire en l’impossible est filmé avec une grande pudeur et un coté très naturaliste par le réalisateur chilien.
Le film , mélange habile de fiction et documentaire, suit le parcours de ce prétendu Christ avec en alternance des retours en arrière qui sont autant de paraboles où on voit notre héros répondre au questionnement de ses interlocuteurs, certes perplexes, mais qui dans le même temps, sont à la recherche de certitudes hélas intangibles , arguant le prétendu Christ pour qu'il réalise ses prétendus miracles.
Le personnage principal, campé par l' unique acteur professionnel du film, Michael Silva, particulièrement investi dans ce rôle intense, est accompagné d'acteurs tous non professionnels, accentuant le versant documentaire du film.
Ce parti pris en fait à la fois sa qualité- une grande authenticité et sincérité- et aussi ses limites, le film n'arrivant jamais complètement à sortir du carcan de l'austérité et d'une certaine monotonie qui irrigue ce road movie pietonnier, Murray ayant tendance à abuser de lents travellings un peu répétitif sur le (beau) désert chilien.
De fait, malgré le beau travail en lumière naturel du chef opérateur ( Inti Briones, reconnu par la profession en Amérique du Sud), le coté trop minimaliste- certains préféreront dire " épuré"- du film fait que l'ennui finit, à mi parcours, par s'instiller, malgré la brieveté d'un film qui ne dépasse pas l'heure et demie.
Mais au dela de ces réserves, Le Christ aveugle, conte spirituel sobre, honnête et délicat, qui se déroule dans le cadre très dépaysant de la pampa désertique du nord du Chili, est assurément à voir parmi les nombreuses sorties cinéma de demain.
BANDE-ANNONCE LE CHRIST AVEUGLE from jour2fete on Vimeo.
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