Dans la forêt, Jean Hegland : un huis clos post apocalyptique intime et une ode à la nature
"Je ne suis pas bonne pour faire du feu. Eva dit que mes feux s’étouffent et couvent et s’effondrent parce que je réfléchis tout le temps – mais jamais à ce que font mes mains. Elle dit que je suis trop impatiente. Pourtant, elle peut lancer une flambée deux fois plus vite que moi. Elle se comporte avec le feu comme s’il s’agissait d’un objet animé, choyant la flamme du charbon poussiéreux, l’attirant depuis les brindilles humides, et elle sait instinctivement quand couvrir les braises pour qu’elles durent jusqu’au matin. Maintenant que notre père est mort, c’est Eva qui s’occupe du feu."
Il y a quelques semaines de cela, je vous ai parlé d'un film de Gilles Marchand, Dans la fôret , un conte enfatin et un huis clos angoissant fantastique. avec un Jérémie Elkaim à contre emploi en père effrayant emmenant ses enfants dans une forêt scandinave particulièrement anxiogène.
Même titre et même décor pour le roman de Jean Hegland écrit en 1996, qui fut un grand succès aux USA à l'époque et seulement paru en janvier dernier chez Gallmeister.
Par contre, plus de parents qui ont totalement disparu d'un monde post apocalyptique où il n'y a plus d'électricité, plus de téléphone, plus d'essence- on pense plutôt à un autre récent film, It comes at night dont nous parlerons bientôt.. Apprenant à se servir du moindre objet, cultivant chaque parcelle de leur potager, minimisant les repas, économisant sur ce qu'il leur reste d'essentiel tel que la farine ou le sucre, inventant une nouvelle vie, elles survivent tant bien que mal dans cette maison,
Un monde post-apocalyptique où vivent deux jeunes filles Nell et Eva deux soeurs âgées respectivement de 18 et 17 ans qui vont progressivement apprendre à survivre en économisant le plus possible pour tenir.
Ecrit sous la forme d'un journal intime tenu par la cadette on verra ainsi comme nos deux héroïnes apprennet à domestiquer la nature, et font face aux épreuves
" Les trajets du retour étaient touijours silencieux. Eva et moi nous endormions sur la banquette arrière et nous réveillons quant notre père sortait de la voiture. La Buick s'arrête ici, disait il avec un enthousiasme plus marqué qu'à l'ordinaire, tous ceux qui descendent, à terre."
Un livre de nature writing et de survivol, à mi chemin entre la Route de Mac Carthy ( pour le coté post apocalytpique) et le "Sukkan Island" de David Vann ( pour le coté ode à la nature sauvage et hostile), mais racontée avec une douceur et un coté feutré et intimiste plutot étonnant.
Un huis clos tendu et sensuel, avec une évocation de la nature d’une beauté incontestable.
Un grand merci aux éditions Gallmeister d'avoir exhumé ce grand livre d'une auteur qui désormais, est ce vraiment étonnant, vit au milieu des arbres et des insectes..