Quand le musée des confluences met en LUMIERE les inventeurs du cinéma...
On n'aura sans doute jamais entendu autant parler de Thierry Frémaux, délégué général du festival de Cannes et directeur de l'Institut Lumière à Lyon, qu'en cette année 2017.
En effet, entre son journal intime paru en début d'année, mine d'or pour tous les cinéphiles, le film Lumière l'aventure commence projeté sur tous les écrans en janvier dernier, le voilà désormais, pour cet été 2017 qui commence, à l'origine d'une fabuleuse exposition que j'ai eu la chance de visiter le week end dernier au Musée des Confluences.
Bon, pas de mauvaise foi outrancière: avouons que cette exposition, "Lumière le cinéma inventé", n'est pas une création de cette année.
En fait, elle a été intiée par Frémaux et l'immense équipe de l'Institut Lumière, qu'il a derrière lui et qu'il n'oublie jamais de citer, en 2015, 120 ans après l'avènement du Cinématographe pour le Grand Palais et qu'elle a ensuite été présenté à Bologne.
Il était donc tout à fait logique que Louis et Auguste Lumière soient à leurs tours célébrés à Lyon, la ville qui les a vu naitre et qui a été le principal décor de leurs oeuvres .
A ce propos, on comprend en voyant l'exposition à quel point ce n'est pas du tout un hasard si le cinéma est né à Lyon, tant l’industrie textile et ses techniques notamment, sont à l’origine de ce que Louis et Auguste Lumière ont inventé dans l’usine de Monplaisir et où l’Institut qui porte leur nom y perpétue toujours activement leur mémoire.
L’Institut Lumière , qui porte leur nom et qui y perpétue toujours activement leur mémoire s'est donc associée avec le musée des Confluences pour cette expo qui arrive à Lyon depuis le 13 juin, - et qui se termine au 25 février 2018, aucune excuse donc pour la louper- pour nous embarquer dans l’aventure de l’industrie lyonnaise de la famille Lumière depuis l’invention du cinématographe jusqu’à son héritage dans le cinéma actuel.
Une exposition dont Thierry Frémaux- et Jacques Gerber- en est le commissaire, lui qui n'a jamais manqué une occasion de saluer le travail de ses illustres ancètres nés dans la même ville que Lui.
"Lumière le cinéma inventé " nous donne rendez vous avec la mémoire vive du cinéma : on peut en effet y voir le cinéma et les inventions qui l'ont précédées comme un lieu de souvenirs, en rendant hommage évidemment aux frères Lumière mais aussi aux autres ingénieurs qui ont insufflé un réel esprit d’innovation depuis le 18e siècle avec l'invention des premières machines qui aboutiront à l'invention du cinématographe.
Louis et Auguste Lumière, doux dingues, ingénieurs, entrepreneurs et artistes., parviennent à faire cohabiter sur le territoire artisanat et industrie de pointe et mettent au point le premier cinématographe en 1895 et donnent ainsi naissance à rien moins qu'une nouvelle forme artistique...
La Sortie des usines Lumière, L'Arroseur arrosé, L'Arrivée du train en gare de La Ciotat. : toutes ces scènes brèves souvent vues sont bel et bien, déjà, du cinéma.
Poétiques et réalistes, sublimes et inventifs, ces films captent des époques, des personnes, des situations, des pays, des coutumes, en mêlant l’officiel au banal, le grandiose à l’intime. Ils constituent des témoignages inoubliables et uniques sur la France et le monde au 20e siècle.
Avec 1 422 films, dont les négatifs sont tous quasiment intacts, les Lumière ont laissé un héritage exceptionnel à plusieurs titres.
On peut y voir dans ces premiers films à quel point Auguste va s'amuser derrière mais aussi devant la caméra en inventant pas mal de péripéties et astuces qui donneront lieu aux tous premières comédies, film de genres, drames et aux premières techniques de cinéma, tels que fondus, les travellings ou plans séquences ...
L’exposition, témoin de cette aventure familiale et industrielle hors du commun, reflet de cette fascination constante pour les images fixes et animées et de la créativité de ses protagonistes, permettra aux visiteurs de comprendre que les Lumière ont inventé par trois fois le cinéma.
En reconstituant la toute première salle de cinéma- celle qui en 1895 va permettre la projection de 8 premiers courts métrages des frangins, les Lumière ont rendu possible l'expérience collective de partager ses émotions devant un film.
De la première salle de projection reconstituée à la diffusion intégrale des 1 422 films Lumière sous la forme d’un mur magistral d’images, de la maquette du site originel des usines Lumière à des jouets optiques du 19e siècle, entre affiches, Autochromes et vues panoramiques..
Ainsi , le visiteur, qui pour le coup, est un véritable acteur de l'expo, est plongé au cœur de la créativité des Lumière et de la réussite industrielle de cette famille lyonnaise dont le nom restera à jamais gravé dans l'Histoire.
C'est vraiment l'épopée du Cinématographe qui sert de fil conducteur à cette merveilleuse exposition à la scénographie aussi moderne qu'inventive, à la fois prouesse technique qui constitue le point d’aboutissement de tentatives antérieures et acte fondateur d’une pratique artistique qui révolutionne encore aujourd’hui notre vision du monde.
Réunissant les principes de la lanterne magique, de la chambre photographique et des jouets optiques créant l’illusion du mouvement, le cinéma est à la croisée des chemins d’une série de découvertes dans des disciplines aussi diverses que l’optique, la perception du mouvement, la mécanique et la chimie.
Inspirés par ces différentes inventions, les frères Lumière veulent rendre la vision d’images animées, non plus individuelle, mais collective. Ils entament des recherches sur la chronophotographie et fabriquent des prototypes d’appareils permettant d’insuffler le mouvement à des images fixes.
Ville d’invention du Cinématographe, Lyon va servir de décor aux premiers films des frangins de façon totalement naturelle. Entre mars et juin 1895, les Lumière tourneront ainsi tous leurs films à Lyon, dans les quartiers de Monplaisir, de la Part-Dieu (casernes) et en Presqu’île.
Parmi les 200 vues réalisées, une trentaine montrent avec précision la ville et son architecture à l’aube du 20e siècle.
Au-delà de la seule prouesse technique, Louis Lumière sera le premier inventeur qui pourra dire : "je suis allé au cinéma".
Le geste de Louis Lumière relève d’une inspiration créatrice et d’une vision du monde inestimables.
En se posant des questions de mise en scène, en inventant des sujets dont s’inspireront de nombreux réalisateurs, en envoyant des opérateurs aux quatre coins du monde, Louis Lumière s’est véritablement imposé comme le tout premier des cinéastes.
L’avènement du cinéma a été celui d’une nouvelle forme de divertissement collectif, qui deviendra l’une des principales expressions de la culture populaire tout au long du 20e siècle.
A l’heure de la révolution numérique et du changement que celle-ci induit sur notre rapport aux images, l’exposition questionne l’avenir du cinéma et ce qu’il nous laisse en héritage.
En effet, si depuis son invention, le cinéma a connu de nombreuses évolutions techniques, le passage de l’argentique, support physique, au numérique, support virtuel, a considérablement transformé les systèmes de "filmage", de projection mais aussi les modes de consommation des images.
Cette mutation affecte le cinéma dans son essence. Elle redéfinit ses métiers et engendre de nouvelles théoriesesthétiques.
Dans sa dernière partie, l'exposition interroge ainsi le devenir de l’expérience collective de la salle de cinémaen regard de l’expérience individuelle surun écran d’ordinateur ou de téléphone et montrent ainsi à quel point les artistes contemporains portent leur regard sur l’empreinte du cinéma dans la culture populaire et sur son héritage.
Une expo qui témoigne du passé mais n'oublie pas d'interroger le présent et l'avenir et donc à recommander bien au delà du cercle restreint des cinéphiles purs et durs...
©Musée des confluences- Collection Institut Lumière
Toutes les informations pratiques de l'exposition ici même