Surface de réparation : un premier roman qui met en pleine lucarne
" J'avais rêvé d'un premier rencard idéal, je savais que la sauce allait prendre dès le premier instant qu'on était connectés depuis des lustres, et que notre passion n'attendait que notre rencontre pour se manifester on était faits l'un pour l'autre, c'était très clair .Ses yeux et ses cheveux à la couleur de mon écharpe, de mon blason. Fallait être stupide pour croire à une coeincidence."
ON continue à défricher les livres de la rentrée littéraire en ce 18 août, premier jour où arrive ces romans par dizaine sur les étals de tous les libraires de France et de Navarre et après un romancier reconnu il y a quelques heures, voilà qu'on vous parle d'un premier roman, Surface de réparation d'un jeune écrivain belge, Olivier EL Khoury paru chez Notabilia.
Certes, Surface de réparation n'est pas forcément très original de prime abord puisqu'il répond au genre bien codifié du roman d'apprentissage mais celui ci se singularise par son ton et sa construction.
On y suit 17 moments clés de la vie du narrateur à travers des scènettes parfois dérisoires, parfois drôles, où l'important est souvent traité en second plan, et où la passion du football semble guider toutes les étapes de reconstitution.
Mieux vaut sans doute bien aimer le ballon rond pour apprécier toutes les subtilités de ce roman, mais les allergiques à ce sport devraient quand même gouter la plume talentueuse de ce jeune écrivain.
"C’est pas qu’il m’aimait pas mon père, ou qu’il était pas heureux de me voir arriver, non. C’est pas pour ça qu’il a pesté quand il a appris la nouvelle. J’arrivais au mauvais moment, tout simplement. Question de timing. En y repensant, j’aurais sans doute réagi de la même manière. Si mon gamin avait décidé de naître au moment précis où le Club de Bruges était mené au score contre le rival invétéré à deux journées de la fin du championnat, on n’aurait pas pu me décoller de l’écran pour me cloîtrer dans une chambre d’hôpital à entendre ma femme et mon marmot brailler en chœur"
Le personnage central, jamais nommé, est à la fois complexe et interessant, jeune immigré arabe vivant en Belgique, cérébral, érudit et en même temps passionné ballon rond dont les décisions et les pensées échappent parfois à toute logique et bon sens. Le narrateur enchaine les expériences souvent malheureuses qui tournent parfois au fiasco total, mais trouve toujours un moyen de rebondir, enfin disons plus ou moins!!,
« Je suis né sans encombre, sans résistance. Dans un flegme insolent qui me collerait à la peau et me sauverait de l’emprise de ma destinée pathétique. Je n’avais pas conscience de la vie qui m’attendait ni de la crispation de mon père lorsqu’il m’a pris dans ses bras et que mon corps chaud l’a apaisé le temps d’un moment de pure félicité. Pour autant, je sentais déjà le fardeau bleu et noir qui m’accablait. J’étais mené au score et j’avais toute une vie pour renverser la vapeur. »
Tout le talent d'El Khoury est de nous faire rentrer en empathie avec ce personnage assez peu symathique de prime abord indolent et peu compassionnel, grâce à un sens du récit, toujours un peu décalé et surprenant qui parvient à capter l'attention du lecteur.
Pari difficile au départ que celui de de renouveler le genre du récit iniatique que l'auteur, grace à un ton différent et une narration éclatée et parfaitement réussie,mais pari réussi haut la main, ou plutôt haut le pied!!