Rentrée littéraire 2017 : L’embaumeur : Isabelle Duquesnoy nous livre un formidable roman historique !!
Le 17 août, les éditions de La Martinière ont publié dans leur toute nouvelle collection Rubis – le roman d’Isabelle Duquesnoy, auteur il ya plusieurs années d'un premier roman remarqué Les Confessions de Constanze Mozart .
« Je sais que ma condamnation est décidée, le récit des circonstances de mon forfait n’est, à vos oreilles, qu’un divertissement puisque vous en connaissez la fin ; vos gens m’ont surpris en flagrant délit. L’histoire de ma vie, ce sentier qui m’a conduit à commettre ma faute, ne servira qu’à persuader les foules de ma monstruosité. De quoi vous combler, vous divertir, car les affaires comme les miennes se raréfient. »
Oyez, Oyez braves gens, êtes-vous prêt à découvrir la triste vie et la dégoutante confession de Victor Renard?
Victordu, Victorniole, enfant non désiré de la Paqueline, mère odieuse et méchante portée sur la bouteille et de Johan Renard joueur de serpent à l’église et professeur de musique.
Attention, la vie du jeune Victor, souffrant d’un torticolis congénital, n’a rien de victorieuse. A la mort de son père, une mort idiote bien sûr, Victor devient apprenti embaumeur pour subvenir au besoin de l’infâme Paqueline, qui n’a de cesse de lui reprocher sa naissance.
Embaumeur, un bien beau métier pour celui qui n’a pas l’odorat et la vue trop sensible. De toute façon, en cette fin de siècle, Paris et ses faubourgs est un affreux cloaque puant où tout se commerce, même le cœur, les dents ou les cheveux des guillotinés. Victor un homme de son temps tout simplement.
"Candidement, je m'étais cru aguerri ; je me bernais. Enfin, m'exprimer ainsi pourrait vous faire croire qu'il s'agissait de dégoût, mais non ; j'étais surtout affreusement fatigué.La musique amoindrissant notre lassitude, on pria notre violoniste de jouer sans relâche le répertoire d'un grand compositeur de son choix. La musique console de tout et provoque en nous quelque chose de vivant, tout chaud et résolument heureux. J'en avais grandement besoin ; essayez de vous représenter la
figure d'un garçonnet dévoré par les loups, rongée au point que le relief de ses traits a pratiquement disparu, du nez aux oreilles."
Bon sang ! Quel formidable roman historique que voilà : on rend infiniment grâce à Isabelle Duquesnoy de nous plonger ainsi dans les dernières années du siècle des Lumières, avec un tel plaisir d’écrire que l'on ressent pleinement de la première à la dernière page.
La description des rues sombres de Paris, de cette foule grouillante et méphitique, de ces hommes et de ces femmes qui se battent pour survivre, est virtuose et d’une grande richesse : le lecteur ne pourra que se laisser envouter par le plaisir de la belle phrase.
Cette langue riche du XVIIIe siècle nous raconte un monde organique qui palpite, qui suinte, qui exsude, qui saigne, qui pue, mais avec une telle élégance et une telle recherche du mot juste que le lecteur est immédiatement embarqué. Isabelle Duquesnoy connait finement son sujet et s’amuse en nous instruisant.
Certes, nous sommes très loin du roman national et d’une belle lecture historique, propre et galvanisante, mais c’est justement pour cela que «L’embaumeur » est un très bon roman et assurément un de nos premiers coups de coeur de cette rentrée littéraire qui s'annonce fort bien.
Un très grand merci à l'auteur elle même qui nous a fait cadeau de cette photo personnelle, une photo qui selon elle, correspond parfaitement à ses conditions d'écriture : un perroquet sur l'épaule ou sur l'écran d'ordi, selon son humeur.
Et un autre cadeau de sa part arrive très vite avec une longue interview dans laquelle elle nous parle de perroquet et de pleind 'autres choses passionnantes encore arrive très prochainement...
Photo ©Isabelle Duquesnoy
Edition : La Martinière
Date de parution : 17 août 2017
Prix : 20.90€ (broché)