Une Odyssée : Daniel Mendelsohn nous livre une profonde autofiction sincère et poignante!!
« Mon père détestait les signes de faiblesse, à commencer par la maladie, pour laquelle il affichait une sorte de mépris, comme si le fait d’être souffrant était une défaillance éthique plutôt que physique. Quand il nous arrivait de devoir rester à la maison parce que nous étions malades, il passait la tête par la porte de notre chambre avant de partir travailler et soupirait d’un air las et excédé, comme si cette grippe ou cette varicelle signifiait le début de quelque irréversible décadence morale. »
Jay Mendelsohn, mathématicien et universitaire à la retraite à toujours regretté d’avoir abandonné l’apprentissage du Grec et du Latin en fin de lycée. C’est donc tout naturellement qu’il décide de participer, en auditeur libre, au séminaire sur l’Odyssée d’Homère dirigé par son fils Daniel.
Une fois par semaine durant six mois le vieux monsieur de quatre-vingt-un ans quitte son pavillon de banlieue, prend deux trains successifs pour étudier le voyage d’Ulysse au milieu de jeunes gens d’à peine vingt ans. « J’irais au fond et ne poserais pas de question » Tu parles ! Á peine installé, le père écoute puis participe activement, chef de l’opposition des théories universitaires, il emporte avec lui l’enthousiasme des jeunes étudiants. Á l’issu de ce séminaire, le père et le fils partirons ensemble pour une croisière en mer Egée sur les traces d’Ulysse. Daniel et Jay vivrons des moments inoubliables.
Daniel Mendelsohn, romancier et professeur de lettres classiques est persuadé que les littératures grecques et latines et ses Mythes fondateurs nous parlent de nous au XXIe siècle, avec « Une Odyssée, (soustitré un père, un fils, une épopée )» il nous le prouve à chaque page.
Grace à Laërte, Ulysse et Télémaque, l’écrivain explore et questionne le lien père-fils qui se tisse tout le long du récit d’Homère pour essayer de comprendre Jay, ce père si distant, si strict, ce père taiseux et inflexible en famille.
Durant ce séminaire il va aussi découvrir un père motivé, impliqué, parfois un peu trop, remettant en question les théories de son professeur de fils pour le plus grand plaisir des élèves sous le charme de l’octogénaire.
Mendelsohn, depuis son roman « Les Disparus » (à lire impérativement) questionne l’identité individuelle et collective. Qui suis-je, qui sommes-nous au monde ? Qui suis-je pour l’autre, mon regard sur les membres de ma famille est-il juste ? Qui sont ces inconnus que nous croyons connaitre ?
Récit érudit et intime à la fois, récit poignant, l’histoire d’une vie d’homme de la petite bourgeoisie Newyorkaise, mais aussi autofiction profonde qui impressionne par sa sincérité.
L’Odyssée c’est un retour et Daniel Mendelsohn nous conte son retour au père et c’est formidablement émouvant.
Une Odyssée un père, un fils, une épopée Daniel Mendelsohn; editions Flammarion