Mobile homes : la touchante chronique des laissés pour compte du rêve américain (critique)
Les projections du film surprise qui se font tous les deux mois dans le cadre du ciné brunch du Comoedia se répondent parfois par un curieux effet de miroir…
On a en effet noté pas mal de similitudes entre le long métrage "the Florida Project" découvert à cette occasion en novembre 2017 et le film surprise de mars dernier à savoir Mobile Homes de Vladimir de Fontenay qui également suit l'errance de familles un peu marginales et désœuvrées dans une Amérique bien loin du rêve américain.
Dans Mobile Homes, qui sort en salles le 4 avril prochain, on suit surtout un jeune couple, Ali et Evan qui sillonnent les routes entre les États-Unis et le Canada, entrainant dans leur dérive et leurs trafics plus ou moins honnêtes le jeune fils d’Ali, à 8 ans à peine.
Une vie de nomade, libre et sans contrainte, mais qui n’est pas exempt de danger et qui manque cruellement de stabilité entre combats de coqs, , trafic de bestioles vente de drogues et vol et délits en tous genres ( avec notamment une manière bien à eux de ne jamais régler l’addition du restaurant)…
Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs, le second film signé du français Vladimir de Fontenay après Memoria, avec James Franco (et qui avait aussi réalisé un court métrage What Lies Beneath the Sky narré par Chantal Akerman quelques mois avant sa disparition) adapte ici l’un de ses autres courts, Mobil Homes, pour relater le cheminement de ce trio pas comme les autres à la frontière américano-canadienne.
Le film est très intéressant de par son sujet, assez peu abordé au cinéma, d’une mère qui semble douter de son instinct maternel, et qui voit ce jeune garçon de huit ans jouer le rôle dévoulu normalement à ses géniteurs d’assurer du haut de ses 8 ans, la sécurité de ses propres parents.
Un équilibre plus que précaire découle de cette vie sur le fil du rasoir, jusqu’au jour où cahin caha, le foyer débarque dans un camping de mobile-homes, car à ce moment-là les attentes du jeune couple vont sensiblement différer.
Chronique intimiste baignée d’amertume sur l’Amérique contemporaine, "Mobil Homes" ressemble à s'y méprendre à version sur grand écran des complaintes acoustiques comme aime tant à les chanter l'idole de Thierry Frémaux en personne, à savoir le boss Bruce Springsteen.
Après une première partie sans doute un peu longue dans laquelle on a un peu de mal à comprendre et aimer ces personnages dont les comportements laissent pantois, "Mobil Homes " réussit à être profondément touchant, voire déchirant, quand arrive justement ces "Mobile homes" qui donnent leur titre du film, et qui coiencide avec le moment où le personnage féminin (la sublime et vibrante Imogen Poots) commence à prendre conscience de ses responsabilités et du virage dangereux que suit sa vie.
Son obsession irrationnelle pour son compagnon Evan ( Callum Turner avec qui Imogen Poots a déjà partagé l’affiche dans Green Room,) du reste assez incompréhensible pour le spectateur qui préférerait qu’elle s’en sorte seule avec son gosse rend toutefois l’intrigue assez imprévisible.
Et l'on aime beaucoup le fait qu’à mi-parcours, le film brouille les cartes avec l'iirruption d'un nouveau personnage masculin, le gérant des Mobiles Homes, un individu plus responsable et plus protecteur qu’Evan, qui vient ainsi bousculer les enjeux d'un film qui sort alors des rails quelque peu balisés du film américain indépendant traditionnel.
Avec une mise en scène brute et soignée et un soin apporté à filmer des paysages qui embrasent le sentiment de révolte et la colère des personnages, Mobile Homes gagne au film du film en intensité et en émotion et se conclue même sans la spoiler évidemment sur une scène finale réellement bouleversante…
Une bien jolie curiosité à voir dans moins de deux semaines en salles.
Mobile hOMES, en salles le 4 avril
Prix Festivals
MENTION SPECIALE DU JURY – Festival du film romantique de Cabourg
PRIX DU JURY JEUNESSE & PRIX DU JURY FEMMES – Festival Paysages de Cinéastes
PRIX DU PUBLIC – Festival international du film d’Athènes