Jericó l'envol infini des jours : un documentaire engagé et humaniste qu'on n'est pas prêt d'oublier !
Huit femmes... Non, nous ne sommes pas chez Françoise Ozon, et n'allez pas chercher Catherine Deneuve Isabelle Huppert ou Danielle Darieux, mais ces huit femmes, certes plus anonymes, que l'on voit dans le documentaire "Jericó, l'envol des jours", de la jeune réalisatrice d’origine colombienne, Catalina Mesa (qui sera à l'affiche de quelques salles ce mercredi 20 juin) sont pour autant des héroïnes de cinéma aussi flamboyantes que passionnantes à suivre.
Manuela Montoya, Elvira Suárez, Cecilia Bohórquez « La Chila », Celina Acevedo, María Fabiola García, et les autres, habitent ainsi Jérico, ce si charmant petit village (qui donne son nom au film) enclavé dans la montage, dont les habitants ont conservé quelques traditions qui se sont évaporées dans les villages tout autour.
La réalisatrice Catalina Mesa, qui a quitté la Colombie et son insécurité pour faire ses études à Boston, a tenu à filmer dans le village où vivait son adorée grand-tante, Ruth Mesa à la mort de celle ci, pour faire revivre un peu de sa mémoire et donner la parole à ces femmes aussi exceptionnelles qu'ordinaires.
Jericó- le film - est construit selon les intentions de sa réalisatrice, comme un "kaléidoscope" où chaque femme représenterait une couleur et un archétype féminin" et forme ainsi un ensemble plein de grâce, de tendresse, de chansons de sourires, de foi et d’amour.
En effet, la cinéaste a tenu à porter, tout au long de son projet, un regard chargé de bienveillance sur ces héroïnes, qui développent ainsi au fil des discussion une parole parfaitement libre pour aborder des sujets aussi intimes et importants que leur féminité, leur rapport à la sexualité, la maternité, la spiritualité (forcément très présente dans leur quotidien) et évidemment même s'ils sont absent à l'image, des hommes, éternel sujets de toutes les femmes du monde.
Qu'on aime découvrir un lieu aussi incroyable qu'inattendu que Jericó, sorte d'eden venu de nulle part.
Mais si Jericó n'a pas toujours été le havre de paix qu'il est aujourd'hui et qu'il a vu couler pas mal de sang, ces huit habitantes triées sur le volet nous livrent une belle ode à la vie et à l'espoir et nous montrent à quel point leur terre, aussi éloignée soit elle de la notre, possède une portée universelle indéniable.
Jericó est un film qui prône l'oralité, mais qui n'oublie pas pour autant de soigner son visuel avec un sens du cadre et du détail assez admirables, à travers notamment ce cerf-volant aux milles couleurs qu'une petite fille fabrique avant de le voir prendre l'envol annoncé du titre dans la toute fin du film, où les murs extrêmement lumineux (aux couleurs de l'arc en ciel) de ces maisons qui confèrent un cachet assez extraordinaire à ce Jericó particulièrement harmonieux.
Documentaire engagé et humaniste en même temps,"Jericó, l'envol des jours", grave dans nos mémoires des portraits et des visages de femmes qu'on n'est pas prêts d'oublier..