Critique: Théâtre : ERVART OU LES DERNIERS JOURS - DE FREDERIC NIETZSCHE
Enormément de monde hier soir au Théâtre de la Croix Rousse pour voir ce Ervart ou Les derniers jours de Frédéric Nietzsche, l'une des toutes premières pièces de la rentrée théâtrale du lieu, une saison 2018 2019, dont nous avions parlé lors de la présentation de saison.
Il faut dire que cette pièce a une tête d'affiche qui rassemble les foules : Vincent Dedienne, qui partage l'affiche avec une huit autres comédiens, héros malgré eux d'une comédie extravagante autour d’un anti-héros fou de jalousie au point de mettre la ville à feu et à sang.
Ervart raconte l’histoire d’un homme fou de jalousie qui ne fait plus la part entre la réalité et l’imagination. Ervart est un archétype nouveau, un super héros d’aujourd’hui : Le Jaloux fantastique.
Partant de la comédie et du grotesque, le dramaturge Hervé Blutsch qui a écrit la pièce en 2001 tente le pari toujours compliqué de la « farce contemporaine ».
Malheureusement, le résultat ne nous pas vraiment convaincu malgré d'indéniables qualités.Parmi elles, parlons des acteurs qui sont formidables, Dedienne bien sur, qui semble prendre un vrai plaisir à quitter le seul en scène pour une complicité évidente avec ses acteurs dans un rôle assez énaurme avec des crises et hallucinations qui le portent vers le massacre de masse, mais aussi Maxime Dambrin, vu récemment au cinéma dans une autre farce, " Cornelius le meunier hurlant " ou la jeune Pauline Hurugen, forte sous l'apparente fragilité.
Certes, la mise en scène est plutôt inventive et audacieuse, mais tout ce talent et ce travail nous semblent un peu vains car ils semblent être au service de pas grand chose, en fait, à part nous donner un "beau gros délire," selon les mots des jeunes spectateurs avec qui on a échangé à la fin de la séance.
Tel quel, on aurait tendance à comprendre pourquoi ce texte de Blutch a été si peu joué jusqu'à maintenant tant il semble être une pale copie d'une pièce de Beckett...(et en plus, comme dirait notre maitre Vincent D:” .. il faut aimer Beckett...”) ou encore du sous Ionesco, ces maitres de l'absurde qui semblent servir de référence à Blutch, mais qui avaient bien plus de portée et de fond que pour ce Ervart.....
Ce qui se voudrait délirant et déjanté nous a en effet paru plutôt laborieux et justement pas très drôle, même si la salle semblait bien plus réceptive et réactive ( que de vieux croutons dans cette équipe de Baz'art).
Le problème vient surtout du fait qu' il y a plusieurs pièces dans Ervart mais qu'aucune n’est exploitée, la farce qui vire au slapstick patine dangereusement, et question drame de la jalousie, on est bien loin d'Othello...
Si l'on voulait être méchant, on dirait que, plus que Beckett ou Ionesco, la référence de ce qui se voudrait , selon les intentions de départ "un pastiche réjouissant et haletant de théâtre " , serait plutôt à chercher du côté de Pirandello tant ces brillants comédiens nous ont semblé en quête d’auteur, voire de hauteur de vue .....
Bref, nous sommes complètement passés à coté de ce Ervart, mais comme les représentations affichent complet et que le public semblait ravi à la sortie, nous ne faisons pas de souci sur la suite de la carrière de cette pièce ..
DATE : Du Mardi 9 octobre 2018 au samedi 13 octobre 2018
HORAIRE : Divers horaires
TARIF : De 12 à 29,7 euros
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La pièce sera jouée au Théâtre du Rond Point à Paris du 9 janvier au 10 février 2019