Roissy de Tiffany tavernier: Embarquement immédiat !!
"Marcher.Toujours marcher. Quarante huit heures sur place ont suffi pour que j'intégre l'information.Marcher oui, sans cesse. Seul moyen de ne pas se faire repérer par l'un de mille sept cent policiers affectés à la sécurité ou par l'une des sept cent caméras, qui ving quatre heurs sur vingt quatre, filment les allées et venues de tous. Marcher, aller au bout à l'autre d'un aérogare, revenir sur ses pas."
La première fois que j'ai entendu parler de Tiffany Tavernier, la fille d'un des plus grands réalisateurs français c'était en 2012 lorsque j'ai été membre d'un jury de cinéma en sa compagnie.
J'ai eu notamment l'occasion de faire deux trajet en voiture en sa compagnie, et j'ai donc eu l'occasion d'en savoir plus sur celle qui est scénariste de deux des films de son père (Holly Lola et Ca commence aujourd'hui, tous deux vus et approuvés, ouf!!), et également romancière ayant publié plusieurs romans et qu'elle présente aussi des ateliers d'écriture.
La rencontre fut très enrichissante elle m'avait gentiment dédicacé à la fin de ces quatre mémorables jours un de ses excellents romans "l'homme Blanc", que je garde précieusement dans ma bibliothèque, et depuis, je n'avais plus eu trop de ses nouvelles avant de voir qu'elle refaisait l'actualité de la rentrée littéraire de cette année avec son nouveau roman Roissy., du nom du très célèbre aéroport parisien Charles-de-Gaulle
Dans ce huis clos très cinématographique ( le roman de Tiffany fait penser à de nombreux films tels que Tombés du ciel de Philippe Lioret ou Le terminal de Steven Spielberg), l'auteur s'interesse à une femme qui a perdu la mémoire et qui déambule sans cesse dans les entrailles de l’aéroport, bulle dépersonnalisée, qui ne mène nulle part et partout à la fois. et qui va rencontrer d’autres destins brisés par la vie et tenter de trouver un semblant de réconfort auprès d'eux.
Ce monde en vase clos, qui obéit à ses propres règles, raconté par une narratrice dont le lecteur ne sait pas grand chose et apprendra à connaitre au fil des pages, Tiffany tavernier l'a longuement étudié avant d'écrire son roman..
Elle a pendant de nombreux mois observé ce qu'on appelle les " indécelables", le nom que l'on donne à ces gens sans attaches dont l'aéroport est le lieu de vie, qui se promènent dans les entrailles de ce monde aussi gigantesque qu'anonyme.
Un aéroport comme une promesse d’évasion, mais en même temps comme y repoussoir : ce beau et fort portrait d'une femme en perdition, à la recherche ( vaine? ) de sa mémoire, donne lieu à de belles scènes (séquences?) de rencontres ( notamment une belle histoire d'amour avec un homme dont la femme est décédée dans le Paris Rio de 2003)
Tiffany Tavernier, avec ses phrases courtes, coupantes, sans fioritures, parvient à insufler un vrai souffle romanesque à ce lieu pourtant aussi neutre que standardisé à l’extrême.
Roissy – Éditions Sabine Wespieser.