Baz'art  : Des films, des livres...
1 novembre 2018

La seule histoire / A l'heure des souvenirs: écoutons la petite musique de Julian Barnes

 

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Julian Barnes est- un auteur que  l'on apprécie particulièrement depuis plus de vingt ans et son  "Love etc. "

On y retrouve dans ces romans un mélange de légèreté, de flegme, de tendresse et de profondeur à la fois. La preuve avec son nouveau roman paru au mercure de France et une adaptation cinématographique d'un autre de ses romans qui vient de sortir en DVD

1. La seule histoire  ( Mercure de France/ octobre 2018)

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"Un premier amour détermine une vie pour toujours c'est ce que j'ai découvert au fil des ans. Il n'occupe pas forcément un rang supérieur à celui des amours ultérieures mais elles seront toujours affectées par son existence. Il peut servir de modèle ou de contre-exemple. Il peut éclipser les amours ultérieures ; d'un autre côté, il peut les rendre plus faciles, meilleures. Mais parfois aussi un premier amour cautérise le cœur et tout ce qu'on pourra trouver ensuite, c'est une large cicatrice."

Cet extrait du dernier roman de Julian Barnes "La seule histoire", résume parfaitement son propos. 

Si l'idée est séduisante sur le papier, elle n'est pas forcément  universelle car tout dépend de la force de ce premier amour, de la place qu'il a occupé et puis peut-être pour certains si ce premier amour est resté le seul et l'unique.

Mais en lisant ce roman emprunt de nostalgie, on comprend combien ce premier amour a marqué toute la vie de Paul, combien il a déterminé sa vie amoureuse.

Et d ailleurs Susan n'est elle pas elle aussi marquée par son premier amour mort prématurément et qui l'a poussé à épouser un homme antipathique ?

À 19 ans Paul est tombé amoureux de Susan sur un court de tennis. Elle a 48 ans, elle est mariée et a 2 enfants.

Dans l'Angleterre des années 60, dans cette petite ville du Sud de Londres, leur relation ne peut faire que parler mais à l'anglaise (pas d'éclat public, pas de bruit).

La seule histoire, c'est aussi et surtout le récit d'un amour à l'anglaise sans coup de foudre sans folles etreintes, avec une pudeur des sentiments et une pudeur sexuelle.

C'est un retour sur la vie qui montre qu'on ne choisit pas ses souvenirs (il ne se rappelle pas le premier baiser , ce qui peut paraître fou aux indécrotables romantiques que nous sommes à baz'art).

"Une citation dans son carnet, qui avait survécu à plusieurs relectures : "En amour, tout est vrai, tout est faux ; et c'est la seule chose sur laquelle on ne puisse pas dire une absurdité" (Chamfort). Il avait aimé cette remarque depuis qu'il l'avait découverte. Parce que, pour lui, elle ouvrait sur une pensée plus large : celle que l'amour lui-même n'est jamais absurde, ni aucun des participants. Toutes les sévères orthodoxies de sentiments et de comportements qu'une société peut chercher à imposer, l'amour les esquive."

Julian Barnes raconte avec précision et justesse  une histoire d'amour qui continue à vivre dans un homme toute sa vie et la dernière partie du roman est à ce sujet assez triste.

La plume est élégante, et "cette seule histoire " se lit avec un plaisir constant . Pourtant, si l'on s'amuse à faire le jeu des comparaisons  avec   un autre romancier anglo saxon qui nous a raconté une histoire d'amour reconnaissons que " Mon désir le plus ardent" de Peter Fromm était, comme son titre l'indiquait,  plus brulant, plus bouleversant plus mémorable encore..

 "La seule histoire" - Julian Barnes - Mercure de France - 260 pages (traduit de l'anglais par Jean-Pierre Aoustin)

 

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 2. DVD :  A l'heure des souvenirs- Wild Side ( 3 octobre 2018) 

En 2011, Julian Barnes publie « Une fille, qui danse » : un grand succès littéraire qui devient très vite le livre de chevet de Ritesh Batra. 

Après le triomphe de The Lunchbox, Ritesh Batra prend à bras le corps cette  adaptation du roman lauréat du Man Booker Prize en 2011.

Le dramaturge Nick Payne a adapté le roman de Julian Barnes en faisant reposer sa narration sur deux chronologies alternatives : les années 2010 et les années 1960 ,
Contrairement au film qui ne cesse de passer du présent au passé et vice versa,  le roman de Julian Barnes se divise en deux parties distinctes : le passé, fin des années 60 ; le présent, quelques 40 à 50 ans plus tard et contrairement au roman très clair, le cheminenement entre passé et présent du film
 apporte parfois une certaine confusion au propos. 

 

Cependant, cette  oeuvre douce amère  propose une relecture d’un passé en suivant les lignes d’un temps qui érode les sentiments servi par le flegme et l'humour british de Jim Broadbent toujours remarquable .

Tout autour de Jim Broadbent, on découvre celui qui l'incarne jeune, la révélation Billy Howle.

Il était déjà apparu dans le Dunkerque de Christopher Nolan et on l'a vu aussi dans un rôle assez proche dans une autre adaptation de romans,  On Chesil Beach avec Saoirse Ronan

 Beaucoup de non-dits et de pudeur aussi dans ce long-métrage qui ne force pas l'émotion et qui pourrait d'ailleurs frustrer un peu par son dénouement finalement assez convenu mais qui reste bien fidèle à l'esprit de Barnes .

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