Rituels, Elison Cooper: un polar haletant mais un peu trop cliché..
- " Tu veux connaitre l'objectif de mes recherches?"
- Oui.
Je veux comprendre de quoi sont fait les tueurs et comment nous pouvons les réperer dès le début de leur vie. Si nous parvenons à comprendre pourquoi ils agissent ainsi, peut-être nous pourrions les empêcher de tuer."
Spécialiste d’archéologie, de religions et de neurosciences (comme sa biographie le précise), la romancière Ellison Cooper tente un mélange de ces trois disciplines dans son tout premier polar "Rituels", publié aux Editions du Cherche Midi en cette rentrée 2018.
Ce polar inaugure une série à venir consacrée à son héroïne Sayer Altair, agent spécial du FBI qui mène de front enquêtes sur le terrain et recherches scientifiques sur le cerveau des tueurs en séries.
Dans sa première aventure, Sayer est amenée à enquêter sur la mort brutale d'une jeune fille, dont le corps est retrouvé dans une cage au fond d'un sous sol, tuée selon des rituels (ceux du titre du roman) mayas.
Si le quatrième de couverture du roman cite "Le Silence des agneaux", référence que chaque éditeur se plait à convoquer dès qu'il s'agit de tueurs en séries un peu trash, la lecture de ce "Rituels", nous fait plus penser à toutes ces séries policières lambda que la télévision nous abreuve à longueur de temps, du style "Esprits criminels" ou "les Experts".
En effet, tous les ingrédients classiques du thriller lambda sont réunis : agents du FBI sur les dents, profilers aguerris mais bourrus , tueur en série particulièrement machiavélique et retors, explications techniques juste comme il faut à base de neuro-science, mise en scène particulièrement macabre, fausses pistes et twist en tous genres
Bref, la mécanique est bien huilée et on sent que son auteur a lu son lot de romans policiers et vu un bon nombre de séries policieres pour réussir à trousser une intrigue suffisamment haletante pour ne pas ennuyer son lecteur.
Le problème est que "Rituels" ne transcende jamais vraiment le genre, la faute à une absence de style assez rédhibitoire, des descriptions réduites au minimum au dépens d'une abondance de dialogues trop démonstratifs, et à des personnages principaux qui ne dépassent jamais les archétypes de départ.
On aime le fait que Sayer Altair soit métisse, car on voit assez peu de noir(es) dans les héro(ïnes)s de romans policiers, mais malheureusement, Elison Cooper n'exploite finalement que très peu l'origine de son enquétrice, s'intéressant plus à la grand mère blanche de Sayer, personnage au demeurant assez déjanté et haut en couleur.
D'ailleurs, reconaissons que "Rituels" se démarque du tout venant des polars grâce à ses personnages secondaires, car, outre la mamie de Sayer, Tino, son voisin discret et prévenant, séduit largement à chacune de ses apparitions.
Si on ajoute au crédit de ce "Rituels" quelques rebondissements plutôt inattendus- et une révélation finale -quoique totalement invraisembable- difficile à deviner, on obtient un polar qui atteint (tout juste) la moyenne mais ne donnera pas forcément envie de guetter avec une impatience démesurée le second volet de la série, prévue pour début 2019.
Rituels de Ellison Cooper, Editions le cherche Midi