Marche ou crève : un premier long métrage fort et intense!
Comme Margaux Bonhomme me l'a revélé la semaine dernière lors d'un échange privilégié que j'ai pu avoir avec elle et les deux comédiens (Cédric Kahn et Diane Rouxel) de son film, son premier long métrage "Marche ou crève" ( ce mercredi 5 décembre au cinéma), qui décrit la relation exclusive et passionnelle d’une jeune fille avec sa sœur handicapée, est totalement personnel, puisque l'intrigue est très étroitement calqué sur ce qu'elle a vécu dans sa jeunesse.
A l'âge ou elle pourrait revendiquer une indépendance longtemps fantasmée, celle de détruire le cocon familial (déjà bien explosé), quitter la campagne pour la ville et y faire des études, laisser son passé derrière soi , .Elisa ( le personnage de fiction de la réalisatrice) doit, s'occuper de Manon, sa grande soeur polyhandicapée, en compagnie de son père, car sa mère vient de quitter le domicile familial après 20 ans de soumission totale.
Contrairement à ce que le pitch peut laisser penser, "Marche ou creve " n'est pas tant un film dossier sur les difficultés liées au handicap qu'une chronique familiale intimiste sur la difficulté de vivre et de fuir quand on a un membre de sa famille qui est handicapée, et les choix que l'on doit faire à l'âge où les premiers vrais choix de vie doivent être pris.
On aime beaucoup la façon dont la cinéaste traite de ce sujet sans porter de jugement sur ses personnages, et jamais verser dans le pathos ou le didactisme.
On suit ce récit initiatique d'un personnage qui aimerait quitter ce cocon familial tellement opressant mais qui n'y arrive pas, et on comprend les motivations de même qu'on comprend ceux de son père ( fabuleux Cédric Kahn, toujours aussi charismatique en comédien) qui refuse l'évidence: celle d'une enfant handicapée devenue adulte, et qui refuse de la placer.
Face à lui, ses deux filles de fiction livrent une prestation absolument remarquables : Diane Rouxel, forte et fragile à la fois confirme les espoirs placés en elle depuis La tête haute, et surtout Jeanne Cohendy, révéléation totale qui parvient à composer un rôle terriblement casse gueule d'handicapée mentale en étant toujours d'une justesse et d'une véracité folles, à l'image d'un film dont la sincérité et la force resteront longtemps en mémoire.