Baz'art  : Des films, des livres...
10 décembre 2018

Adieu Monsieur Haffmann... et bravo !

Nous avons eu la chance inouïe de la voir au Radiant-Bellevue à Lyon et au Théâtre Rive Gauche à Paris : la pièce Adieu Monsieur Haffmann, écrite et mise en scène par Jean-Philippe Daguerre, a, depuis sa création enchanté le public du Petit Montparnasse et du Off d'Avignon cette année.

Aussi bien Mister Baz'art que moi y avons vu un bijou d’émotions, de finesse et de suspens.

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Paris, 1942. Dans une France occupée par les Allemands, les Juifs doivent porter l’étoile jaune, leurs biens sont spoliés, on parle de disparitions massives, de déportations… Pour Joseph Haffmann (Alexandre Bonstein en alternance avec Marc Siemiatycki), père de famille juif propriétaire d’une bijouterie, le temps est compté. Il demande à son fidèle employé, Pierre Vigneau (Grégori Baquet en alternance avec Charles Lelauré et Benjamin Brenière) avec qui il travaille depuis dix ans, de reprendre son magasin et de le cacher dans sa cave.

Malgré les risques, celui-ci accepte, avec en tête, une idée de « contrepartie » un peu particulière… Sa femme Isabelle (Julie Cavanna en alternance avec Anne Plantey) et lui désirent plus que tout avoir un enfant : pour Pierre, stérile, le seul espoir est que quelqu’un d’autre soit le père de l’enfant qu’il ne pourra jamais lui donner. Il demande alors à Joseph Haffmann de matérialiser cet espoir, « en échange ». Au départ extrêmement réticente, Isabelle réalise qu’elle n’a d’autre choix qu’accepter.

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S’en suivent d’interminables soirées où Isabelle et Joseph se retrouvent dans la cave aménagée pendant que Pierre tente de faire taire les bruits qui en remontent et sa tristesse en jouant des claquettes. Le trio se réunit chaque soir pour le dîner, seul moment où Joseph peut sortir de la cave. Plus le temps passe, plus l’ambiance, entre eux, se tend pendant que la bijouterie, elle, prospère.

Atteint dans son orgueil, Pierre s’abîme dans sa tristesse, sa colère. Jusqu’à ce que finalement, le courage devienne plus fort que la peur. 

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Dans cette pièce, l’émotion est là, tout le temps. Récompensé par 4 Molières, Adieu Monsieur Haffmann est aussi brillant par sa mise en scène que par son texte qui mêle intelligence et subtilité, par cet habile dosage entre tension, humour et ironie. Car oui, l'humour est là aussi dans le drame de cette histoire qui se joue dans la grande Histoire, constituant des moments de respiration essentiels. Tous les comédiens sont excellents, d’une justesse extraordinaire - pas étonnant Julie Cavanna ait reçu le Molière de la Révélation Féminine et Franck Desmedt, celui du Second Rôle.

Il y a du Michalik dans l’ingéniosité de la mise en scène de Jean-Philippe Daguerre. Dans cette manière de saupoudrer l’Histoire dans la petite histoire à travers des extraits de bulletins radio dans lequel un journaliste déplore notamment que les juifs ne soient pas bleus, on pourrait ainsi les reconnaître facilement, des musiques de l'époque.

Dans la sobriété des décors. Dans ces moyens simples et efficaces intelligemment exploités tout au long de la pièce. Dans cette manière de séparer la scène en deux parties avec des jeux de noir et de lumière, l’une pour la cave, l’autre pour la cuisine : deux lieux de survie qui ne feront plus qu’un au moment de la grandiose scène du dîner final avec le redoutable Ambassadeur Otto Abetz (Jean-Philippe Daguerre himself en alternance avec Franck Desmedt) et sa femme Suzanne (Charlotte Matzneff en alternance avec Salomé Villiers) qui aura réussi à nous faire attraper des fous rires, malgré l'extrême tension qui régnait. 

Monsieur Haffmann, vous nous avez fait vibrer d'émotions. Vous nous avez fait trembler de peur. Vous nous avez impressionné par votre courage. Vous nous avez donné espoir. Adieu Monsieur Haffmann, et merci.

  Adieu Monsieur Haffmann, jusqu'au 20 janvier 2019, du mardi au samedi et le lundi 31 décembre à 19h au Théâtre Rive Gauche, 6, rue de la Gaîté, 75014 Paris.

 

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