Critique Album/ Polaroid Experience : Youssoupha tente et réussit brillamment !
J’aurais aimé écrire plus de billets musique en cette fin d’année, afin de mettre en avant tous les incontournables de cette année avant les fêtes , hélas le temps m’aura forcément manqué dans ce projet et je passerais forcément à côté d’excellents opus écoutés ces derniers mois.
Heureusement, ce ne sera pas le cas du nouvel album du rappeur Youssoupha intitulé Polaroïd Expérience et disponible depuis déjà le 28 septembre dernier.
A près de 40 ans Youssoupha Mabiki – dit Youssoupha – avait surpris tout le monde avec sa maîtrise des mots et ses phrases choc à l’orée des années 2010, étant à classer parmi les meilleurs « lyricistes » du rap français, comme MC SOLAAR Kery James ou , Oxmo Puccino,
Aujourd’hui alors qu’il a tout connu ou presque, la galère des petits boulots et le succès incroyable au début des années 2010 revient avec un cinquième album qu’on ne qualifiera pas paresseusement de disque de la maturité mais qui y ressemble quand même un peu.
Un disque un peu concept, inspiré par les photos d’enfance du rappeur, un peu à la manière des gens dans l’enveloppe le livre disque de Monnin/Beaupain dans un style évidemment différent.
Aujourd'hui, alors que le rap s'est démocratisé, jusqu'à devenir le premier marché musical en France, Youssoupha a souhaité retrouver la naïveté et l’authenticité de ses débuts avec des morceaux tantôt poétiques, tantôt ironiques, qui rappellent l’audace et la spontanéité de ses premières années, et maintenant qu’il n’a plus rien à prouver à quiconque, tente des expériences promises par le titre .
Le titre éponyme de l’album Polaroïd Expérience" est particulièrement efficace pour lui donner l’occasion sur une instru très réussie ( rythmique et boucle jazz) ses origines et de sa famille : "Je suis le fils du Congo, je suis le fils de Kin / Je suis le fruit d'un complot, je suis le fruit d'un crime / J'ai eu un fils avant ma fille ça c'est le choix du roi / J'ai eu disque avant mon fils ça c'est le choix du rap / Je suis un père parano, qui flippe des lendemains." Ainsi que pour régler ses comptes avec ses ennemis assumés : "J'suis l'ennemi de Valls, j'suis l'ennemi de Macron J'suis l'ennemi de Ménard, j'suis l'ennemi de Marion / J'suis l'ennemi de La République de François Fillon / J'suis l'ennemi d'la France Afrique et de ses millions",
Dans tout l’album on y retrouve ce qu’on aimé dans les premiers albums du rappeur, outre bien sur son célèbre zozotement : rimes acérées, textes engagés et clairement revendiqués, Youssoupha se fait plaisir et nous fait plaisir en présentant une palette musicale étendue, allant de l’afro rap, afro électro, gospel rap, pop, augurant sans doute d’un nouveau cycle dans la couleur musicale de l’artiste.
Youssoupha assume son âge, le fait qu’il fasse partie des rappeurs quadragénaires, et même une certaine ringardise et cela aussi qui le rend profondément attachant ( voir notamment dans le 2ème morceau de l'album, le très nostalgique " La Cassette").
Avec cet album hybride et original, audacieux et populaire à la fois, Youssoupha ne sera probablement pas au niveau des rappeurs francophones qui trustent les marches du podium de ventes de disques (Soprano, Niska, Damso, Orelsan, PNL), mais une chose est sure, il assume très brillamment son statut dans la scène rap française.
http://polaroidexperience.com/