Nouveautés chez FOLIO: critiques/ Pierre Adrian/Thomas Bronnec/ Nan Aurousseau
Cette année encore, l'hiver littéraire nous prépare de belles surprises en grand format dont on a déjà commencé à parler , mais les poches ne sont pas en resteet notamment chez Folio qui vient de sortir trois romans qu'on a eu envie de mettre sous les feux 'actualité en parlant de thèmes aussi fondamentaux que la foi, la politique ou les inadaptés sociaux .
1/ Des âmes simples/ Pierre Adrian
"Pierre me parle un peu du sanctuaire. D'une voix lente appuyée et forteLa légende du taureau agenouillée auprès du gave devant une statue de la vierge, bousculée par le tumulte de l'eau. Alors les hommes ont bati. Et l'histoire est gravée autour d'une chapelle latérale de l'église autour de la Vierge"
Dans la haute vallée de l’Aspe, un homme tient là, seul par sa foi. « Parfois la lumière vient d’un seul homme qui parle de miséricorde ». Le narrateur est venu rencontrer un prêtre, Pierre, qui s’emploie à maintenir la vie dans un monastère perdu.
Pierre Adrian raconte l'histoire d'un jeune homme parti s'installer au monastère de Sarrance, dans les Pyrénées françaises ainsi sa rencontre avec ce curé de la vallée qui se dépense pour les humiliés de la vie, parcourant des kilomètres, non pas pour prêcher la bonne parole ou enrôler, mais pour apaiser les hommes en perdition et autres âmes tourmentées .
Jolie et profonde réflexion pleine de contemplation, s'appuyant souvent sur vocabulaire riche et simple à la fois, sur la foi replis de beaux portraits des hommes et de la nature, avec ces «paysages à l'abandon», sublimes de beauté mais aussi de froideur et d'indifférence.
Cette réflexion triste et lucide sur la foi et sur des êtres un peu en perdition laisse quand même beaucoup d’espoir en l’humanité et surtout un net sentiment de sérénité, une paix qui s’installe et remet les valeurs de l'amour et la bienveillance à leurs vraies place.
2/ En pays conquis /Thomas Bronnec
"En sirotant son café, François Belmont fait défiler les informations sur son smartphone et jette un coup d’œil aux unes des journaux du matin. C’est celle de Libération qu’il préfère : Soyez à la hauteur. Avec une photo du président et d’Hélène Cassard. L’union nationale… La gauche bobo à côté de la plaque, une fois de plus. Elle n’a pas le monopole de la stupidité. Une partie de la droite continue d’être adepte du cordon sanitaire avec le Rassemblement. ".
L'intrigue de ce roman de politique-fiction se situe dans les quelques jours suivant les élections législatives françaises de 2017, alors que le président sortant a conservé sa place, sans grande gloire, face à la candidate d’extrême-droite. Il revient en revanche à la candidate de droite « classique », battue au premier tout de la présidentielle mais arrivée en tête aux législatives, de former le gouvernement pour une nouvelle cohabitation.
"En pays conquis" peut etre vu, comme le revendique lui même l'auteur, comme une sorte de spin off des Initiés, dont il reprend certaines ficelles- comme le banquier Antoine fertel qui devient ici ministre du budget, mais on peut aussi lire ces différentes courses aux pouvoir totalement indépendamment l'une de l'autre.
Thriller politique du pouvoir,ce "En pays conquis" présente incontestablement de belles (?) similitudes avec la campagne réelle qu'on a connu en 2017, notamment à travers certains personnages de fiction qui ressemblent étrangement à ceux qui passent régulièrement sur les chaines infos.
Thomas Bronnec nous plonge ainsi dans les sales combines des politiques, avec toujours l’empreinte des énarques présents dans le premier volet. sauf que cette fois, ils deviennent conseillers des hommes politiques dans une période d’élection présidentielle et de législatives.
Le lien étroit entre finance et monde politique est particulierement bien vu, et l'ensemble, entre trahisons entente et alliance, comme en vrai, tient sacrémement bien la route, du moins pour tous ceux pas encore lassé de la politique..
3.Des coccinelles dans des noyaux de cerise/ Nan Aurousseau
« Un loup dans la jungle, voilà ce que je suis. Un inadapté, un solitaire avec la rage au ventre parce qu’on m’a toujours méprisé. Une gueule un peu en biais, c’est vrai, une carcasse d’oiseau de proie qu’a rien crouté depuis six mois, et alors ? Je suis né dans la mort pour résumer. Parce que je suis un survivant. »
François, quarante balais, sorti de Fresnes depuis quelques mois, vit dans une caravane au bord de la Marne. Sa compagne, Micheline, une grosse fille un peu tarte lui file parfois quelques tornioles. C’est vrai qu’il est de bonne composition, François, et puis il a un projet François, un très gros coup dans Paris, du jamais vu.
Alors il attend la sortie prochaine de Medhi son compagnon de cellule, qui est un vrai caïd, lui.
Faut pas se fier aux apparences, la Micheline elle sera bien étonnée quand Medhi va venir chercher son pote François dans cette caravane moisie sur ce putain de terrain vague.
Affreux sale et méchant et d’après une histoire vraie. Nan Aurousseau a du vécu, dans une autre vie il a fait centrale, la prison, pas l’école. Aurousseau est un vrai écrivain, son écriture est crue et dure, c’est du Céline passé à la moulinette. Mais bon sang, cette histoire de sérial killer dans une France grise et boueuse est parfois insupportable.
Le romancier, roué, tient son lecteur en haleine et donc ce roman insupportable devient impossible à lâcher. Le problème devient alors : à qui le conseiller sans passer pour un sociopathe ?