La mort selon Turner : un polar flamboyant qui garde son (Le) Cap !!
"Turner ne sut pas comment le prendre. Il se sentait presque blessé. C'est très étrange, de la part d'un prédateur aussi infatigable que lui. Le colonel Nyathi qui n'avait pas sa langue dans sa poche, l'appelait le Lion de Nianga. Il respectait méticuleusement la procédure, son dossier ne faisait pas état de la moindre brutalité, et sa ténacité était proverbiale, quoique épuisante pour les autres.
Lauréat du Prix "Le point du polar américain" lors du dernier quais du polar, "La mort selon Turner " de Tim Willocks, n'a assurément pas volé sa récompense.
Changement de braquet pour Tim Willocks, scénariste pour Speilberg ou Michael Mann et romancier habitué des romans historiques, un peu à la Alexandre Dumas ( Les douze enfants de Paris notamment).
Ici, il va chasser sur les traces de l'immanovible Deon Meyer, et nous livre un western sombre et cruel sur l'Afrique du Sud, qui se situe au Cap ( où l'auteur britannique n'a jamais mis les pieds mais qu'il restitue formidablement) .
Le roman commence lorsqu'un jeune afrikaner de très bonne famille renverse une jeune SDF noire. Il décide, avec les personnes qui l'accompagnent de la laisser agoniser sans prévenir les secours.
C'est sans compter sur Turner, flic noir de la Criminelle, bien déterminé à retrouver le coupable de ce crime resté impuni, mais notre héros seul contre tous, aura fort à faire vu que le meurtrier est le fils de Margot Le Roux, une femme d'affaires très riche qui tient les rênes de grosses activités minières de l’État et qui a bien l’intention de protéger sa progéniture
La mort selon Turner est une flamboyante tragédie Shakespaerienne, avec de temps en temps une ambiance un peu à la Tarantino, le portrait d'un combat pour la justice d'un homme seul contre les institutions, sous fond de ségrégation raciale.
L'intrigue policière est bien solide, mais l'auteur va plus loin avec son portrait d'une Afrique du Sud dans laquelle les cicatrices liées à l'Apartheid restent fortement tangibles, tant les frontières économiques, sociales et bien évidemment raciales sont encore totalement palpables et gangrènent encore toute la société.
Un polar plein de souffle et d'humanité, aux allures de western mais aussi plein de violence et de testostérone, autrement dit le lecteur en a largement pour son argent !
La Mort selon Turner, Tim Willocks- Sonatine editions 11 octobre 2018