Kazenchis se tait le dimanche;Vincent Defait
« La concentration de symboles historiques dans ce quartier l’amusait toujours. En se penchant au-dessus du volant, Solomon pouvait voir, plus haut sur l’avenue, l’étoile rouge qui surmontait un autre monument, érigé par le régime suivant et conservé depuis en hommage aux troupes tombées dans une guerre avec le voisin somalien. L’étoile et le lion semblait converser au-dessus des têtes, un peu futilement aimait-il penser. Le futur l’intéressait davantage. La véritable grandeur du pays, il y travaillait dix heures par jour, six jours sur sept, à deux pas de là. »
Deux amis d’enfance se retrouvent, deux hommes qui se penchent sur leur passé pour panser des plaies mal cicatrisées. Ils avaient en commun la tristesse des enfants qui ont perdus leur père trop tôt, mais la vie les a séparés.
Mikitu n’a pas quitté le quartier pauvre d’Addis Abeba, devenu chauffeur de taxi pour riches étrangers, il considère la réussite de son ami comme une trahison.
C’est vrai que l’ascension sociale de Solomon a pu faire des envieux. Fonctionnaire haut placé, il dirige la construction d’un barrage qui doit transformer l’Ethiopie en pays gagnant.
Mais Mikitu ne sait rien des compromissions que l’on doit accepter pour se maintenir dans une pareille fonction. Etre proche du pouvoir en place peut être dangereux.
Roman sur l’amertume d’une amitié perdue, « Kazenchis se tait le dimanche » est aussi et surtout le formidable instantané de l’Ethiopie, un pays qui n’en finit pas de s’éveiller.
Beau, lent et chaloupé comme une mélopée en amharique.
Genre : Roman Français
- Éditeur : Cambourakis
- Parution : 06 février 2019
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Prix editeur : 15€00