Parasite: la palme d'or 2019 est un thriller virtuose et jouissif
Chouchou de la critique internationale, le Coréen Bong Joon-ho a donc été consacré totalement avec cette palme d'or décernée il y a deux semaines. Si la Palme d’or est un gage de qualité auprès d'un cercle de cinéphiles hélas plus restreint qu'il ya une ou deux décennies, , "Parasite", qui est sorti mercredi dernier, a tout pour séduire un large public, notamment en France où le cinéma asiatique réalise souvent de jolis scores, et les premiers chiffres recensés mercredi, laissent augurer un démarrage foudroyant.
On se souvient en effet qu"Une affaire de famille", la Palme 2018 du Japonais Kore-Eda, avait attiré près de 800.000 spectateurs en France, un très beau score eu égard à ce cinéma intimiste et assez lent, et sur un sujet finalement assez proche, le coréen Bong Joon-ho, livre un long métrage autrement plus grand public et jubilatoire .
Parasite est tout d’abord un pur objet de mise en scène, tant Bong Joon-ho, impose plus que jamais une maitrise formelle incontestable . Son film qui se déroule quasi exclusivement en huis clos, reprenant une tradition assez coréene du home movie, et du coup on est loin du huis clos dans un appartement bourgeois du 16eme que le cinéma grançais nous livre régulièrement : dans Parasite, et sans spoiler l'intrigue (Bong Joon-ho avait expressement demandé cette condition à Cannes on respectera donc son souhait avec grand plaisir), sa maison d'architecte particulièrement cinématographique s'avère fertile en rebondissements inattendus et voient y cohabiter personnages manipulateurs et des secrets enfouis dans les recoins des portes...
Parasite débute comme une comédie italienne à la Affreux, sales et méchants, mais va vite virer à la satire bourgoeise proche d'Henri-Georges Clouzot ou de Claude Chabrol, deux cinéastes qu'il adore, mais dans une version bien plus trash et punchy...
Bong Joon-ho fait rapidement basculer son film vers des contrées plus obscures, avec un plaisir machiavélique et la maestria visuelle que ses fans de la première heure, ravis de le voir triompher à Cannes, connaissent si bien.
"Parasite" commence comme une comédie savoureuse, jouant du décalage entre deux univers qui s’affrontent. Les acteurs sont irrésistibles et l'intrigue se fait habilement l'écho des tensions sociales qui agitent la Corée du Sud actuelle et au-delà. Puis sans crier gare.
Comme à son habitude l'auteur de merveilles comme Memories of Murder ou Mother excelle dans le ton satirique avec un regard sans consession sur la nature humaine... à partir de drames humains, Boon Joon*construit des récits explosifs qui investit différents genres, ici la chronique familiale, le thriller horifique ou la satire sociale.
ON aime particulièrement le style BONG Joon-ho, ce second degré salutaire dont il fait preuve, qui réussit à prendre en compte l’intelligence du spectateur, sa capacité à poser un décor et à témoigner de la réalité sociale d'un pays et il n'ura jamais été si mis en valeur que dans ce Parasite assez exceptionnel .
Parasite est l'occasion de livrer une critique assez sarcastique du libéralisme et des inégalités qu'il engendre, à travers ces protagonistes issus de deux classes sociales opposées et entrainés dans des situations où le moindre grain de poussière peut entrainer un dérapage énorme.
Le cinéaste propose ainsi un audacieux mélange de bouffonnerie et de métaphore politique, et personne ne sera épargné dans ce si réjouissant jeu de massacre : les riches, ectoplasmes autosatisfaits par leur propre vacuité et les pauvres, escros sales et méchants sont renvoyés dos à dos
Très ludique, parfois même à la limite du burlesque, Parasite emprunte la forme d’un jeu de pistes extrêmement bien ficelé et constitue une œuvre personnelle, unique, qui ne ressemble à aucune autre.
La bande-annonce de "Parasite", Palme d'or 2019 du Festival de Cannes