Critique : YVES... le frigo fait son show...
Quand Her de Spike Jonze rencontre la série britannique Black Mirror et le film d'Oreslan et Gringe comment c'est loin, avec une bonne dose d’humour par dessus et vos obtiendrez Yves, second film de l'iconoclaste Benoit Forgeard qui sort en salles dès demain et qui force l'admiration par son intelligence et son humour.
Lors d’une conférence sur les robots, en 2012, l'iconoclaste Benoit Forgeard a eu l’idée de départ du film, et s'est de suite dit que les appareils intelligents et connectés vont très rapidement métamorphoser le quotidien et ainsi apporter de nouvelles idées de fiction, ouvrant des perspectives surréalistes, tels que des gens parler à un peigne ou un fauteuil devenir médecin, grand potentiel comique de la révolution technologique parfaitement exploité.
Il a donc écrit l’histoire surréaliste d’un jeune rappeur à la manque qui va voir sa vie changer radicalement suite à l’arrivée chez lui d’un frigo high-tech.
Le frigo va peu à peu s'immiscer dans la vie de Jerem jusqu'à lui souffler des idées pour composer et écrire ses morceaux, et forcément cela marchera !
Présenté en clôture de la quinzaine des réalisateurs, cette fable futuriste bien azumitée montre les dangers et les possibles excès de l’intelligence artificielle dans notre quotidien avec une modernité étonnante et une peinture de l’univers musical 2.0 pertinente et complètement barrée, avec un casting (William Leghil/ Philippe Katerine/ Dora Tilier) particulièrement à l'aise dans cet univers totalement décalé.
Après un premier long en 2015, "Gaz de France", film au pitch sympa (avec l'innénarable Philippe Katerine en chef de l'état), mais qui ne dépassait pas l'idée du film concept et tournait vite en rond, Benoit Forgeard monte largement en grade avec ce film qui mélange habilement satire futuriste, comédie musicale et n'oubliant pas de surfer parfois sur les rives de la comédie romantique savoureuse.
Sa réflexion sur la création artistique à l'heure des objets connectés est parfaitement exploité avec ce qu'il faut de pertinence et d'humour et évite le coté un peu moralisateur d'une série comme "Black Mirror" toujours un peu trop anxiogène sur les potentialités du futur.
Certaines idées du scénario sont réellement formidables (sans trop spoiler, les représentants européens au concours de l'Eurovision valent largement leur pesant d'or) et les rap scandées par un Jerem/William Leghil qui fait penser à l'Oreslan de comment c'est loin sont criants de vérité !
Bref, un film épatant qui donne envie de chanter à tue tête en sortant de la salle : "j'en ai complètement rien à branler", mais pas du tout par ce qu'on se fout de ce qu'on voit sur l'écran, bien au contraire ( un petit indice sur le pourquoi du comment avec la vidéo ci dessous) !!