Sélection polars pour l'été : Juste avant de mourir, Glory Hole, Quatre romans noirs,
L'été est incontestablement la période la plus propice à lire des polars, et il est donc normal que tous les ans à la même période on se lance dans une petite revue des polars , en poche ou en grand format, qui nous ont le plus marqué, et qu'on vous conseille de mettre dans vos valises pour les vacances :
1/Juste avant de mourir ;S.K Tremayne ( Presses de la cité)
« Il n’y a pas eu d’accident, Kath. Tu as essayé de quitter ton mari et ta fille, de te détruire, de tout anéantir. Tu as voulu te suicider. Et personne ne sait pourquoi. »
A trente-sept ans, la vie de Kath était bien réglée. Une vie conjugale tendre avec Adam dans une ferme isolée du Devon, parents de Lyla une petite fille Asperger, toute leur attention se porte sur cette enfant différent qui adore se promener seule dans la lande et qui semble parler aux chiens et aux poneys sauvages. Kath, victime d’un accident, se réveille aux Urgences parfaitement amnésique, elle aurait elle-même précipité sa voiture dans les eaux glacées du lac de Burrator. Une tentative de suicide qui n’a aucun sens pour elle.
Quelqu’un lui ment, son mari, son frère, le village ? La paranoïa la gagne surtout que dans cette région retirée du Dartmoor, les bruyères, les ajoncs, les forêts et les rochers de granit cachent des secrets enfouis. Il parait que des sorcières s’adonneraient à des rites païens pour invoquer l’esprit de l’Homme vert symbole de mort et de fertilité.
Seule contre tous, une bonne base pour un thriller. Paranoïa, village isolé, landes brumeuses, rituels morbides, amulettes maléfiques, chapelle abandonnée à des rites panthéistes et tout cela au XXIe siècle.
Rajoutons un secret de famille sordide, une conjugopathie cachée et voilà un suspens de bonne tenue qui ferait un excellent film d’horreur. « Juste avant de mourir » donne aussi une furieuse envie d’aller visiter le Parc National de Dartmoor dans le Devon, une région chère à notre non moins chère Agatha Christie.
2/ Glory Hole, Frédéric Jaccaud ( Equinox/ Les Arenes)
" Jean ferme les yeux trop longtemps. Sa lassitude immortalise ses bras. La fumée des quatre palets de viande lèche mollement son visage. Mais quelques gouttes d'huile crachotées par une friteuse avoisinante tombent sur son tablier et l'arrachent à son sommeil."
Petit message d'avertissement : ce thriller très noir est à déconseiller aux âmes sensibles qui pourraient s'offusquer de la crudité de certaines scènes.
Il faut dire que Frédéric Jaccaud s'attaque à un sujet chaud, la face cachée du cinéma porno américain à travers une histoires d'une amitié brisé et où les anges de Los Angeles se brisent douloureusement les ailes..
Deux amis qui vivotent dans une cité ouvrière tombent par hasard en feuilletant une revue porno sur Claire, une de leur amie d'enfance qui formait un trio d'enfants dans un orphelinat où ils s'étaient jurés à la vie à la mort .. Se jurant de la retrouver, ils partent sur sa trace à Los Angeles et vont être plongés dans un monde de tous les vices et de toutes les perversion où ils n'en sortiront évidemment pas indemnes.
" Quand on lui demande de justifier son acte, l'homme s'attaque à nouveau dans la démence. Pourquoi s'attaquer à nouveau au caissier? Pour l'argent. Le forcené hurle qu'il devait le sacrifier, il pouvait pas faire autrement son arme, il frappe sa poitrine il doit la purifier."
Pertinente et habile réflexion sur la marchandisation des corps et la corruption des esprits, Glory Hole est un voyage parfois éprouvant dans ce monde si glauque de la pornographie mais le roman est porté par une plume toute en tension et en surprise... A conseiller à tous les lecteurs avertis, les autres passeront leur chemin...
.. Glory Hole de Frédéric Jaccaud ; collection Equinox ( éditions les Arènes)
3/ La veille de presque tout; Victor Del Arbol ( Actes Sud/ Collection Babel)
"J'ai toujours rêvé de voler. D'avoir des ailes, de les déployer, de sauter tres haut et de m'éloigner vers l'aurore. Fuir cette maison, mon père, les draps mouillés,les moqueries et les cruautés. Je n'étais pas préparé à ce monde."
Avec « La veille de presque tout » l'immense romancier espagnol Victor Del Arbol nous offre un nouveau roman qui brasse les influences de la grande littérature blanche , avec des fresques romanesques brassant les lieux et les époques, et celles de la littérature policière avec des personnages et des situations reprenant les codes et caractères du roman noir.
Il faut dire que les romans de Del Arbol étant souvent teintées de noirceur absolue et d'une mélancolie belle à pleurer.
La narration fait une fois de plus et de manière régulière des allers-retours et construit l’histoire douloureuse de personnages figés dans leur passé mais de facon assez habile pour le lecteur- qui doit toutefois être bien concentré puisse reconstituer les parcours de vie des protagonistes.
Víctor Del Árbol dévoile progressivement les secrets que ses personnages essaient d'étouffer, les passions qui les étreint et mêle les trajectoires avec une virtuosité époustouflante et dans une langue puissante et poétique. " La Veille de presque tout" a reçu le prestigieux prix Nadal,- rien à voir avec le tenisman multivainqueur de Roland Garros, équivalent du Goncourt en Espagne et c'est peu de dire que c'est largement mérité .
4/ Quatre romans noirs; Tonino Benacquista ( Folio)