Mon année de repos et de détente : la lutte radicale d' Ottessa Moshfegh contre l'ultra moderne solitude
« Le week-end, je faisais ce que les jeunes New-Yorkaises comme moi étaient censées faire : je me faisais faire des lavages intestinaux, des soins du visage, des mèches, je fréquentais une salle de sport hors de prix, je restais allongée dans le hammam jusqu’à devenir aveugle et je sortais le soir en portant des chaussures qui me cisaillaient les pieds et me collaient une sciatique. Je rencontrais des hommes intéressants à la galerie, de temps en temps. Je couchais à droite et à gauche, par phases, je sortais, d’abord beaucoup, ensuite moins. Rien n’a jamais marché comme prévu en matière d’ « amour ». Reva parlait souvent de « se caser ». Pour moi, c’était synonyme de mort. »
Dépression au fond de la 84 ème rue de Manhattan. La narratrice, une jeune femme de 26 ans, veut dormir. Elle ne veut plus être en représentation, ne plus rendre de comptes à personne, ou plutôt si, uniquement à son médecin à qui elle a affirmé être insomniaque. Mais elle n’est pas insomniaque, elle tout simplement malheureuse.
Son médecin, l’inquiétante docteur Tuttle est une grande pourvoyeuse d’anxiolytiques, somnifères et autres calmants plus étonnant les uns que les autres. Dormir pour oublier.
Oublier la mort de ses parents trop tôt disparus. Oublier Trevor et tous les amants de passages, médiocres et prévisible et si sûrs de ne pas l’être. Oublier les habitants riches et botoxés de son immeuble de luxe de l’Upper East Side. Oublier la galerie qui l’emploie et ses artistes pas aussi subversifs, irrévérencieux ou choquants qu’ils prétendent être. Hiberner au moins une année jusqu’au mois de septembre de l’année 2001.
Éloge d’un renoncement, observation clinique d’une aboulique, description littéraire d’une paresseuse ou tout simplement portrait d’une rêveuse idéaliste ? « Mon année de repos et de détente » raconte aussi une lutte radicale contre l’ultra moderne solitude chère à Souchon, un acte absurde contre un monde absurde. Ottessa Moshfeh vient d’écrire une drôle de fable, envoutante, hypnotique, réjouissante et surtout très morale.
On l'aime cette jolie fable morale post ou pré 11 septembre, très branchée, très name-dropping à la Beigbeder..Si on voulait être méchants ( si si ca nous arrive parfois, ) voilà typiquement ce qu'il pourrait nous pondre si par le plus grand des hasards, Frédéric Beigbeder avait du talent......
Plus généralement, ce qui est terrible c’est que les bons gros romans américains sont la plus part de temps très bons....et difficilement ou mal imité par les français, mais si les américains se mettent à écrire de très bons petits romans existentiels et moraux que va-t-il rester aux français.....des scandales à la Moix????