Les Roses de la nuit; Arnaldur Indridason encore à ses prémisses...
« Les gens ont envie d’habiter là où ils sont nés, là où ils ont leurs repères, leurs ancêtres et leur histoire, rétorqua Erlendur. Ce n’est pas uniquement une question d’argent. Il s’agit surtout d’être libre de vivre où on veut, et sans que le grand capital intervienne. Sans que soient échafaudés des projets délétères visant à détruire les villages pour que d’invisibles puissants emplissent leur caisses. Sans que les gens soient privés de leur moyen de subsistance avec le même mépris que celui que vous affichez quand vous dites qu’ils n’ont plus envie de vivre dans ce que vous qualifiez de trous perdus. Ce sont vous et vos copains qui sont responsables de tout ça. Enfin il faut bien trouver des clients pour vos galeries commerçantes. »
Le cadavre d’une jeune prostituée est retrouvé nu dans un cimetière de Reykjavik. Que le corps ait été déposé sur la tombe de Jon Sigurson, le chef du mouvement pacifiste et indépendantiste de l’Islande au XIX e siècle entraine les enquêteurs Erlendur et Sigurdur Oli dans l’aride région des fjords de l’Ouest. (Petite note du chroniqueur : toutes les régions de l’Islande sont arides).
Bientôt Erlendur et Sigurdur Oli vont devoir affronter un politien dépravé et corrompu, un entrepreneur de travaux publics dépravé et corrompu et un proxénète et trafiquant de drogue fournissant tout ce petit monde.
Au terme de cette histoire, Sigurdur Oli aura rencontré l’amour et Erlandur renoué un lien ténu avec son fils et sa fille. Mais pour le commissaire mélancolique tout n’est jamais vraiment bien et donc tout ne finit jamais vraiment bien…
Deuxième aventure d’Erlendur notre policier dépressif et islandais préféré, «Les roses de la nuit" se situe juste avant « La cité des jarres » son premier roman publié en France en 2005 et après «Les fils de la poussière» qui vient de sortir en poche cette rentrée et dont j’ai dit tout ce que je pensais l’an dernier.
Je suis fan absolu d’Arnaldur et jamais je ne dirais du mal d’un de ses romans mais tout de même « Les fils de la poussière » n’était qu’un simple brouillon.
Ce deuxième roman justement permet au lecteur d’apprécier un auteur en évolution. « Les Roses de la nuit » est encore un polar imparfait.
Ça patine sévère dans la mise en place et le déroulement de l’intrigue mais déjà tout ce qui fait la vie intime et la relation au monde d’Erlendur sont admirablement écrites.
Arnaldur Indridason, journaliste diplômé d’histoire, utilise le polar pour décrire la réalité sociale et politique de son minuscule pays et ça c’est réussi.
Maintenant connu dans le monde entier pour de milliers de ses lecteurs l’Islande, forte de ses 360 000 habitants, est un pays d’une importance capitale.
Les Roses de la nuit, Arnaldur Indridason, A.m. Metailie; octobre 2019