Dégels/ la tragédie noire et glacée de Julia Phillips
" Maintenant après une chance durable, Valentina est rattrapée par sa propre mort. C'était une idée folle, mais n'était-elle pas vraie? Le médecin de la clinique avait dit qu'il ne pouvait pas s'en occuper. C’était un cancer. Était-ce un cancer? Si c'était un cancer ne l'aurait-il pas dit? "
Un jour du mois d’août, alors qu’elles sont parties se promener toutes seules, deux fillettes disparaissent au bord du Kamtchatka, péninsule russe quasiment inaccessible, terre sauvage et inhospitalière.
Le drame n’en finira d'avoir un impact sur les habitants de ce secteur, et notamment sur douze personnages féminins liées plus ou moins directement à l'affaire. Toutes ces femmes liées d’une manière ou d’une autre, et les deux petites disparues sont toutes présentes dans leur discours et au cours des 12 mois suivant la disparition des fillettes vont livrer une part de leur mystère.
Raconté à douze voix, une par mois de l'année le premier roman Julia Phillips éblouit par sa construction et également par la façon dont la romancière qui a vécu un an au Kamtchatka réussit à rendre compte de cette l’atmosphère particulier de cet endroit perdu aux confins du monde.
On apprend à connaitre le peuple Évène qui habite dans cette région et Phillips parvient à mélanger approche ethnologique en nous montrant comment on peut vivre au Kamtchatka, de nos jours et la dimension du thriller liée à la disparition d'enfants au cours d'un huis clos prenant et intense.
Mine de rien, le récit raconte pas mal de chose sur la violence patriarcale, la charge mentale qui incombe aux femmes et l'impossibilité de faire le deuil.
Une tragédie à la fois noire et glacée pour un des grands premiers romans étrangers de la dernière rentrée littéraire.
Traduit de l’anglais par Héloïse Esquié
https://www.autrement.com Paru le 28/08/2019
#mardiconseil #degels Plongée dans le Kamtchatka, une péninsule aux confins de la Russie autour de la disparition de fillettes : Julia Phillips pour son premier roman livre un huis clos intense et magistral , mystérieux et sensoriels dans la lignée des romans de Laura Kasiscchke. pic.twitter.com/WS0T7oOR2n
— Baz'art (@blog_bazart) December 10, 2019