L'âge de la lumière, Whitney Scharer: Lee Miller à mille à l'heure !
"Si elle prend une photo d'un des lapins élevés dans le camp, de sa fourrure blanche immaculée, de ses rondeurs dodues d'animal bien nourri. Elevé pour devenir un manchon dans lequel une Frau suralimentée pourra glisser ses poings. Un prisonnier nourrissant le lapin de ses mains souillées de boue..."
Lee Miller est un personnage mythique du XXe siècle. Renommée pour sa beauté comme pour la liberté de son existence, elle a aussi laissé une trace fulgurante dans l’art de son temps.
Elle qui fut tour à tour mannequin, modèle, compagne et assistante de Man Ray, égérie des surréalistes, correspondante de guerre est désormais le personnage central d'un premier roman américain qui aura marqué cette rentrée littéraire, l'âge de la lumière de Whitney Scharer
Pour sa première oeuvre de fiction , la romancière américaine Whitney Scharer fait de Lee Miller la folle héroïne d'un roman kaléidoscope, qui se dévoile par fragments temporels eclatés.
"L'âge de la lumière " s'ouvre en effet en 1966 en Angleterre, sur une Lee Miller vieillissante et un peu fanée, qui se se souvient de sa rencontre mythique avec Man Ray .
En 1929, Lee Miller est un mannequin américaine qui quitte les Etats-Unis pour rejoindre Paris et y réaliser son rêve : passer derrière l'objectif pour devenir photographe. Lors d'une soirée, elle rencontre le grand Man Ray.
" J'ai besoin de toi. Nous sommes comme jumeaux ou le reflet l'un de l'autre". Devant cette déclaration à laquelle personne de sensée ne pourrait resister, Lee Miller ne pas résister, et va devenir tout pour Man Ray : tour à tour son assistante, son amante, sa muse, son modèle et surtout sa plus grande histoire d'amour et pourrait même vite rivaliser avec le maitre et même le dépasser tant son talent créatif- que Jean Cocteau par exemple avait deviné très vite- est indéniable, notamment lorsqu'elle sera projetée dans l'horreur de la guerre de 39/45.
"Il y a matière a photos partout à se pose le regard, des compositions d'horreur. Lee mitraille, et avale la bile qui lui monte dans la gorge, qui aussi a le goût du métal. Elle a pour mission de photographier le travail des infirmières américaines après le débarquement, et Lee prend les poches de plasma, la pénicelline, les interventions chirurgicales. Elle prend des photos des Américaines qui travaillent côte à côte avec les infirmières allemandes, tente de refréner son dégout des boches, de plus en plus fort qui la mine vers l'intérieur."
Belle immersion dans les milieux artistiques et intellectuels fertiles et stiumants, cette oeuvre flamboyante et étourdissante exploite pleinement le potentiel romanesque de son héroïne.
L'Âge de la lumière" - Whitney Scharer - Les Editions de l'Observatoire - 442 pages (traduit de l'anglais par Sophie Bastide-Foltz)