"White" de Bret Easton Ellis : la non fiction sied bien à l'auteur culte de American Psycho!
" J'ai été évalué et critiqué depuis que je suis devenu un auteur publié depuis l'âge de 21 ans et je suis parfaitement à l'aise que je sois aimé ou détesté adoré ou méprisé. Cet environnement me fait l'impression d'être naturel, et je n'ai jamais accordé beaucoup d'importance aux opinions qui fusent, pour ou contre."
On a rattrapé avec un peu de retard le dernier livre de Bret Easton Ellis, White, sorti en France en mai dernier et dont on a beaucoup parlé à sa sortie, notamment en France où BEE avait fait le tour d'un certain nombre de médias .
Il faut dire que ce premier livre de " non fiction " était très attendu par les fans de l'auteur de d’American Psycho, Moins que Zéro et de Glamorama,
Ce "White" est assez passionnant à lire mais pourra déconcerter ceux qui s'attendaient à un roman classique.
On a affaire à une sorte d'essai, écrit de façon a priori décousue, égrénant le fil des pensées de l'écrivain culte, mais le tout n'en conserve pas moins une certaine cohérence lorsqu'on connait les écrits antérieurs de Bret Easton Ellis.
« Nous vivons absolument, en particulier si nous sommes écrivains, grâce à l’imposition d’une ligne narrative sur des images disparates, grâce aux « idées » avec lesquelles nous avons appris à figer la fantasmagorie changeante qu’est notre expérience réelle ».
Ce récit fourmillant de name dropping passionnera les fans de cinéma- dans les 100 premières pages il n'est quasiment question que de 7eme art , Easton Ellis s'attardant sur des analyses critiques de nombreux films qu'il a vu plus ou moins drnièrement de Shampoo à La Fièvre du samedi soir e passant par American Gigolo, À la recherche de Mr. Goodbar ou Wall Street, Week end .jusqu’à Moonlight et Cinquante nuances de Grey.
Easton Ellis parle de films qui l’ont marqué, depuis l’adolescence, soit une quarantaine d’années. Il en a vu beaucoup mais visiblement que des films américains.
On y croise des longues pages sur des acteurs plus, Richard Gere Tom Cruise, ou moins célébres (Judd Nelson, Matthew Bommer) parlant souvent de leur homosexualité ou prétendue telle et surtout Easton Ellis réserve des belles pages sur la littérature de David Foester Wallace à son icone asbolue Joan Didion.
On ne sera pas forcément d'accord avec tout ce qu'il dit (sa vision très subjective du très beau "Moonlight" pourra laisser dubitatif) et on pourra s'intriguer du fait qu'Easton Ellis a tendance à ne jamais tomber à boulets rouges sur Trump, contrairement à ses amis intellectuels new yorkais, mais cette attaque en règle contre le politiquement correct et la tyrannie des réseaux sociaux ne laissera pas indifférent.
Bret Easton Ellis est un vrai provocateur, on le sait depuis ses premiers romans, et la lecture de cet essai, très loin de l'eau tiède et du consensus mou, qui nous dit beaucoup de choses sur la société américaine contemporaine, et sur notre époque ultra connectée et un peu désilusionnée fait un bien fou !
Bret Easton Ellis, White, trad. de l’anglais (USA) par Pierre Guglielmina, éd. Robert Laffont « Pavillons », mai 2019, 312 p., 21 € 50